Silci'i, le son infini
Du printemps à l'automne, les prairies du Khanat résonnent du chant des insectes. Ce son particulier et ceux qui le produisent sont nommés silci'i : le son infini.
Le son lui-même varie, de la Jungle au Ponant, du Delta à Astharie et du Givre à Ozraya, car les insectes qui le composent sont différents, mais ils semblent s'être tous mis d'accord pour engager un concert quasiment ininterrompu sur le moindre brin d'herbe.
Au delà du rythme qu'il donne, le silci'i revêt une dimension mystique pour certains. Au même titre que le chant des minarets, il est considéré comme la voix du Khanat. Parfois assourdissant, parfois si discret qu'il se fait oublier, il marque les changements de temps, l'alternance du jour et de la nuit, les modifications dans les flux de lakne et zbasu. Les chasseurs de fenra racontent que le silci'i permet de cerner l'origine des perturbations.
Les scientifiques expliquent facilement ce phénomène, sans rien enlever à son aspect mystique : les insectes sont extrêmement sensibles aux variations de temps et d'énergie et ce ne sont pas les mêmes qui “chantent” suivant les différents moments.
Une analyse plus poussée des insectes à l'origine du silci'i a amené à comptabiliser plus de 20 000 espèces différentes, dont une bonne centaine rien que dans la région entourant le Mont d'Ambre. Ces insectes sont principalement divisés en deux catégories : les souffleurs, dont le bruit est provoqué par l'aspiration de l'air qui passe dans un système respiratoire complexe, et les frotteurs, qui produisent un son en frottant leurs membres les uns contre les autres.
Chacun de ces insectes a ses propres caractéristiques. Certains ne chantent qu'à une certaine période de l'année, d'autres ont besoin d'une certaine plage de température ou même d'humidité pour se mettre en branle. Certains crissent dans le noir, d'autres ne le font que sous un soleil éclatant. Certains de ces insectes sont des plaies pour les récoltes, dévorant des champs entiers de pelgru, d'autres sont de précieux auxiliaires des ra en mangeant leurs congénères envahissants.
La légende raconte que Bra'selzigca'a créa le premier concert de silci'i lors de l'Éon de l'Éclosion, créant une véritable symphonie après avoir mis diverses espèces de silci'i (les insectes) dans des boîtes, puis en soumettant chacune de ces boîtes à des expositions différentes au fur et à mesure du développement de son œuvre. Depuis, les enfants et quelques artistes aventureux tentent de reproduire le phénomène. S'il est possible d'obtenir des mélodies simples via cette méthode, rare sont ceux qui arrivent à mettre en place une musique d'envergure par ce biais.