Loin dans le désert, l'aridité devient synonyme de mort, le sable n'est plus que sel et l'eau plus précieuse que tout.
Dans ces paysages stériles il ne reste que les Ra les plus acharnés. On trouve là les camps de la Légion de Sel, les ermites brumaires délirants sur la vérité contenue derrière les Brumes, et les Pistoleros.
Malgré son hostilité, la région possède certaines ressources uniques pour le Khanat. Les mines de sel sont bien sûr exploitées mais faire venir le sel de si loin et en traversant des zones particulièrement périlleuses revient plus cher que sa production dans les salines de la Mer des Songes. Cependant les caravanes ramènent aussi diverses ressources bien plus précieuses, telles le lirium, un composé aux étonnantes propriétés utilisé entre autres dans la fabrication des Miroirs de Passage et dans les appareils probabilistes, du plomb, du cuivre et de l'or.
Si les abords du Salargug restent “vivables”, de maigres plantations arrivant même à subsister sous le soleil de plomb, les zones de sel elles-mêmes s'avèrent rapidement mortelles. En journée, la réverbération du soleil sur la couche de sel assèche très rapidement, un Ra en bonne santé se retrouvant déshydraté en quelques heures à peine. La traversée demande donc un gros stock d'eau, qu'il faut régulièrement consommer 1). Il vaut mieux s'abriter la journée et ne voyager que la nuit, la luminosité restant très bonne sur ce miroir blanc. Il y a peu à craindre de la faune locale, rien ne survivant bien longtemps dans la zone en dehors des serpents des roches.
La population du Salargug n'est pas réputée pour son accueil. Ce qui amène les gens dans la région est souvent la recherche de richesse ou de se montrer “le plus fort”. Le voyageur trouvera sans surprise un climat de méfiance et de tension. On assiste pourtant parfois à d'étonnantes alliances, les ra s'alliant provisoirement dans la réalisation d'un but commun : amener leurs richesses à bon port (ou s'approprier celle des autres), lutter contre l'environnement, etc.
La principale zone d'habitation se trouve à Suzahna, mais on trouve aussi quelques habitats dispersés ici et là dans le désert. Il s'agit généralement du haut de puits donnant accès aux mines en dessous. Il est déconseillé de s'en approcher sans bonne raison, les propriétaires ayant tendance à avoir la gâchette facile.
Suzahna est la bourgade la plus importante de la zone et se situe sous les “Mamelons de Suzahna”, un amas de rocs grillés par le soleil et vaguement rebondis. La source d'eau qui l'approvisionne, abondante en toute saison, en a fait le centre ra de la région, même si son odeur est assez particulière. Mais quand on a soif on ne fait pas le difficile et on finit par s'y habituer.
Autour de la source un certain nombre de commerces se sont installés afin de proposer leurs services aux voyageurs. C'est aussi le point de départ des caravanes à destination du Khanat. Lieu de passage avant tout, c'est là que la maigre population du Salargug vient chercher des nouvelles, de l'approvisionnement et un peu de contact ra.
Il ne pleut pas très souvent sur le Salargug et jamais en dehors de l'hiver. Lorsque cela arrive, loin d'être une bénédiction, l'enfer change de visage. Beaucoup de zones étant très plates, la pluie les recouvre sur quelques centimètres, rendant plus difficiles à distinguer les serpents des roches. Ces derniers, lorsqu'ils sont à demi-noyés, émettent aléatoirement des décharges électriques qui se propagent dans l'eau. Certaines zones de terrain sont plus argileuses et deviennent des pièges bourbeux. L'eau fragilise aussi les croûtes de sel et des effondrements vers le territoire du dessous ont parfois lieu. Enfin dans les zones plus escarpées, les pluies soudaines et violentes, sur la terre desséchée devenue poussière, créent des coulées de boues.
Le soleil évapore rapidement l'eau qui a pu tomber sur le désert, la pluie ne le transforme donc que peu de temps.
Certains ra ont inventé des systèmes astucieux pour récupérer l'eau du ciel et la stocker dans des citernes, malgré le peu de précipitations ; cependant la majorité des points d'eau dans le Salargug viennent d'un réseau souterrain de conduites d'eau qui part de Suzahna.
La région du Salargug est assez stable et principalement sous influence zbasu à Culno. Cependant, les filons de lirium souterrains peuvent générer des poches où lakne prend le dessus. C'est d'ailleurs une des façons de les repérer. Sous terre, la situation devient plus complexe, c'est un des rares endroits du Khanat où Ratmidju n'est pas majoritairement zbasu ; d'une cavité à l'autre, lakne déborde, probablement à cause de la poussière de lirium qui se dépose un peu partout. Les personnes sensibles aux effets de lakne et zbasu ont intérêt à progresser prudemment sous terre, afin de ne pas être déstabilisées par ces changements souvent soudains.
Suzahna étant la ville principale d'un kastron à l'intérêt stratégique, il y a une ligne de chemin de force qui la relie au réseau de Natca.
Mais Natca est loin ; cette ligne est régulièrement coupée, bien avant le Salargug, alors qu'elle traverse les autres régions où l'influence de lakne est plus sensible.
La ligne dans le Salargug même est aussi régulièrement coupée, mais les conditions climatiques n'y sont pas pour grand chose ; en fait, l'air sec, l'absence de mouvement de terrain et la facilité d'accès à zbasu sont plutôt favorables à son maintien. La chaleur n'a que peu d'influence sur le réseau. Mais c'est sans compter les pistoleros qui ont tout intérêt à ce que voyageurs et marchandises voyagent lentement. Les lignes sont régulièrement sabotées, parfois même lors du passage du Véloce, ce qui a donné lieu à quelques déraillements spectaculaires. Ce genre d'accident reste tout de même rarissime, les chemins de force étant équipés de nombreuses sécurités qui stoppent le Véloce en cas du rupture des lignes.
La Légion de Sel s'occupe régulièrement de remettre la ligne en place, au moins jusqu'à la sortie du Salargug, ainsi que de châtier les saboteurs, mais c'est un combat sans fin.