Le Rêve en origine
Avancement de la page La base est posée, mais il faut compléter certaines parties, remanier, réécrire. Peut-être qu'il y a aussi besoin de développement voir d'un autre chapitre sur certains morceaux. (20% ) 
La plupart des mythes fondateurs du Khanat expliquent que le Commencement date du moment où le Khan se mit à rêver. D'une région à l'autre, les détails changent, mais le Rêve reste une constante. C'est aussi un cycle : les habitantes rêvent le Khanat, le Khanat rêve ses habitantes.
Rêver fait la ra
Pour les habitantes du Khanat, la capacité de rêver est ce qui différencie les espèces. Celles qui rêvent sont nommées ra .
On pourrait penser qu'il s'agit de la même distinction qu'entre les êtres “pensants” et les autres, mais certains individus des espèces en question semblent singulièrement dépourvus de la capacité de raisonner, sans que cela leur enlève le statut de ra. Ou bien qu'il s'agit des êtres ayant une conscience d'eux-même, mais là encore, certains groupes de ra semblent être plus dans une conscience de groupe1) qu'une conscience individuelle, sans que cela change leur statut de ra. Mais il y a une barrière stricte entre les ra et le reste du règne vivant (animaux, plantes…). Cette barrière est entre autre marquée par une réalité biologique : les ra ne connaissent pas la mort.
La définition du Rêve n'est pas forcément simple à appréhender. Il s'agit, en partie, de l'activité onirique, souvent oubliée au réveil
Le fait de rêver concerne en partie la vie nocturne
D'autres espèces sont considérées comme “pré-ra”, c'est à dire que certains de leurs individus sont aptes à rêver, sans être encore la majorité. Ces espèces sont déclarées comme protégées et déranger leurs lieux de vie ou pire, attenter à leur vie est considéré comme un crime.
Rêver pour sortir du cycle de la mort
Le fait de rêver amène les ra à avoir un certain pouvoir sur leur propre corps. Ce pouvoir n'est jamais complètement maitrisé, car chacune est aussi sensible aux rêves des autres qui l'entourent, mais il a plusieurs conséquences et la première concerne la mort. Lorsqu'une ra subit tant de traumatisme que son corps lâche, après une période plus ou moins longue d'agonie suivant à quel point elle tient à rester sur place, son corps va disparaître, généralement avec ce qu'elle porte sur elle2). Ensuite, un processus de revivification - abrégé revif - va avoir lieu, ramenant cette ra défunte. Ce revif ne s'opère pas sur les lieux du décès. De façon naturelle, il peut prendre plus ou moins longtemps et les ra réapparaissent dans certains lieux chargés de pouvoir, parfois très loin de leur point de départ. Au fil du temps, les mécanismes du revif ont été compris par certains scientifiques, ce qui a mené à la création de RevInc, une société qui s'occupe de revivifier avec moins d'aléatoire.
La mort en elle-même n'est pas anodine puisqu'elle s'accompagne généralement d'un passage douloureux, mais elle est aussi la libération de cette douleur. Pour cette raison, les ra s'inquiètent bien plus de la douleur que de la mort. Cette peur de la douleur en amène aussi certaines à la sublimer en la glorifiant et en allant l'affronter pour mieux la surmonter. La revivification vient aussi avec quelques inconvénients ; lorsqu'on ne peut se payer les services de RevInc (ou avant que la technologie soit maîtrisée), elle peut s'accompagner de pertes de mémoire plus ou moins importantes. L'Oubli et la Douleur sont les deux pôles qui alimentent les drames et les histoires épiques.
L'une des autres conséquences du rêve sur le corps et de l'absence de mort concerne le vieillissement. Il n'y a aucun rapport entre âge et apparence physique. Les ra ont l'âge qu'elles se rêvent ou qu'elles pensent avoir.
Pour la plupart des ra, l'apparence suit la progression chronologique, mais il arrive que dans certains cas, des ra rajeunissent. C'est tout de même très rare et vu comme un signe de régression. La plupart des gens restent indéfiniment au stade “jeune”3) ou “adulte”4).
Certaines ra restent dans des âges pas faciles (tout âge est “difficile” en dehors de adulte et jeune) pour des raisons diverses et variées : un enfant peut refuser de grandir pour continuer à jouer, mais il peut aussi refuser de le faire pour rester assez petit pour aller voler dans les foules sans se faire voir. Un vieillard peut voir ses rides apparaître parce-qu'il se lasse du monde et a l'impression d'en avoir trop vu, mais aussi parce qu'il a l'impression d'avoir accumulé une expérience qui lui donne plus de sagesse que ceux qui refusent d'apprendre en restant dans des erreurs de jeunesse.
La dernière conséquence du Rêve et du peu de mortes concerne la natalité. Elle est extrêmement basse. Quelques ra rêvent d'avoir des bébés, mais la plupart n'ont pas envie de s'encombrer d'un être immature et tyrannique. Elles n'en rêvent pas, donc elles n'en ont pas, et c'est tant mieux car sinon le Khanat se retrouverait vite surpeuplé !
L'Oubli comme fin d'un rêve et début d'un autre
L'Oubli est une notion probablement plus délicate à concevoir que la Douleur, créant des sentiments ambivalents chez les gens.
L'Oubli involontaire est quelque-chose qui effraie : personne n'aime perdre la tête. Cela peut être une conséquence d'une vie dissolue, de trop de coups sur la tête et d'un excès de revif, ou encore de poisons, et donc de certains actes criminels. Dans certains cas, c'est aussi la sanction pour des crimes si terribles que la justice du Khanat considère qu'ils doivent être effacés de la mémoire de toutes, et lorsque cela arrive, elle ne fait pas dans la dentelle : témoins, victimes, criminelles et applicatrices des peines, tout le monde se retrouve remis à zéro. Ces cas extrêmes sont aussi extrêmement rares, cependant la possibilité que cela arrive alimente les angoisses de nombreuses ra. Car l'oubli complet signifie la fin d'un être, d'une conscience ; c'est une forme de mort, même si le corps, lui, peut survivre et revenir via un revif.
Pour autant, une vie trop longue et des souvenirs qui hantent peuvent aussi être lourds à porter. Certaines ra cherchent alors l'Oubli. Un peu, beaucoup… Certaines expriment un mal-être en se noyant dans les diverses drogues ou font appel à des médecins aux pratiques contestables, d'autres rêvent plus sereinement à un nouveau départ. Puisqu'elles le rêvent, elles finissent un jour par réaliser ce rêve aussi. Ces ra-là ont tendance à vieillir, puis un jour elles s'éteignent paisiblement. Leur revif ne passe pas par RevInc ; elles se laissent porter par le Rêve, le laissent remodeler leur être. Un jour, peut-être des années plus tard, à l'autre bout du Khanat, une ra apparaît. Elle a peut-être gardé quelques traces de son ancienne incarnation : un savoir, un nom, une personnalité. Mais ce n'est plus la même.
Ces ra qui réapparaissent régulièrement sont appelées les Oublieuses. Mémoire plus ou moins vierge dans un corps plus ou moins adulte, elles ont souvent besoin d'être guidées dans un premier temps.
Lorsque vous interprétez une ra, votre histoire commence généralement comme Oublieuse. C'est une bonne excuse pour porter un regard naïf sur le monde et apprendre en douceur comment il fonctionne. Au niveau démographique, il y a plus d'arrivées d'Oublieuses que de naissances.
Certaines croyances disent que quelques Oublieuses attendent la matrice d'une ra5) pour s'incarner et que chaque enfant qui naît n'est que du recyclage de ra sous une forme primitive de revivification.
La réalité et le reste : Khanat, Brumes et Monde des Rêves
La réalité, c'est le Khanat. Et le Khanat, ce sont les Rêves qui ont pris forme, façonnés par les fantasmes contraires de milliers de ra, figé à chaque instant de la façon dont le Khan le décide.
Pour le dire autrement, au milieu des milliers de potentiels que l'essence de chaque ra propose à chaque instant, le Khan pose un postulat qui définit les limites de l'expérience ontologique
C'est un peu barbu voire barbant ? Restez-en à la version simple : la réalité est le Khanat. Mais gardez à l'esprit que le Khanat est une expérimentation, ce qui suppose un certain nombre de concepts abstraits pour saisir toutes les subtilités.
Tout ce qui est “réel” fait donc forcément partie du Khanat. Et tout ce qui est en dehors du Khanat a une existence douteuse. Un dicton déclare “Si tu peux y aller depuis Natca6), alors c'est le Khanat, peu importe le temps que tu mets”.
Ce qui ne veut pas dire qu'il n'existe rien d'autre. Sur le plan physique, certaines zones du Khanat sont inaccessibles, recouvertes par des brumes d'un genre particulier. Légèrement iridescentes, d'étranges phénomènes se passent à leur périphérie, et des choses encore plus incroyables se déroulent en elles. Étrange mystère que ces Brumes, qui alimentent de nombreux mythes et légendes. Celles qui s'y aventurent perdent rapidement tout repère. Les instruments de navigation et de communication se détraquent, le temps semble suspendu, la visibilité est réduite et les sons s'étouffent au fur et à mesure que l'on avance. Perdues dans un espace où tous les repères s'effacent, les ra se retrouvent seules avec elles-même. Certaines disparaissent dans ces Brumes. Certaines réapparaissent aussi, des années plus tard, sans avoir eu l'impression d'y passer plus de quelques minutes.
Les Brumes marquent, de facto, les limites du Khanat. C'est une frontière physique, aussi étrange soit-elle. À noter qu'elles n'entourent pas le Khanat ; dans certaines directions, nulle voyageuse n'a indiqué la présence de Brumes. Elles peuvent aussi être présentes dans un territoire enclavé, au fond d'une vallée ou d'un puit.
L'autre espace qui n'est pas le Khanat est le Monde des Rêves. Le Khanat est le rêve commun des ra ; le Monde des Rêves est l'ensemble des rêves de chaque ra. Sans limite, informe, l'esprit des ra s'y perd durant le sommeil ; ces rêves-là n'ont que peu d'impact sur le Khanat. Certaines, comme les chamanes, peuvent s'y rendre en restant consciente et en gardant un certain contrôle sur ce qui se passe ; depuis le Monde des Rêves, elles peuvent alors agir un peu sur la grande trame, jusqu'à remodeler une petite part de la réalité. On peut aussi y croiser l'esprit de celles qui sont perdues dans les Brumes ou entre la mort et la revivification. Lorsque l'esprit voyage dans le Monde des Rêves, il peut croiser celui d'autres ra, mais le voyage est généralement solitaire, habité uniquement des fantasmagories et des projections que chacune y amène.
Le Khan est à l'écoute du Monde des Rêves mais n'y intervient pas ; il ne fait que catalyser dans le Khanat la substantifique moelle des Rêves les plus profonds.
