Le Khanat a une structure centralisée, autour d'un pouvoir encore plus centralisé… du moins à première vue.

Tout tourne autour d'un personnage, le Khan. Il est considéré comme le centre de l'univers, celui par qui tout est créé et détruit. Il incarne les rêves et les aspirations de toutes les habitantes du Khanat ; et par son existence, il permet à ces mêmes habitantes de le rêver et d'exister. Le Khan n'est pas vraiment un individu mais en bonne partie un égrégore. Il change parfois d'incarnation afin de mieux refléter l'état de la société, parfois décrit comme étant d'une race ou de l'autre, mais c'est toujours la même “personne”. N'espérez pas devenir Khan un jour !

Le Khan incarne aussi l'autorité centrale de la politique dans son palais de Va'itu'a. C'est là que sont décidées les lois, la façon dont la société doit être organisée, et les valeurs auxquelles tous les ra doivent souscrire. Les organisations de haut niveau y envoient leurs représentants afin de défendre leurs intérêts, créant une cour chamarrée aux innombrables méandres politiques.

Autour du Khan gravite d'autres “Puissances” : la Crypte, représentée par la Reine Rouge, et la Police des Rêves, représentée par la Prêtresse de la Propagande. Une troisième Puissance a un pouvoir d'action important bien que plus discret, et est souvent oubliée : il s'agit de la Grande Bibliothèque, représentée par le Bibliothécaire.

Le rôle de la Crypte est de faire advenir les choses dans le monde, ou de faire disparaître ce qui n'a plus lieu d'être. Les magiciennes qui la composent ont en charge de veiller à la structure du monde, à travers des incantations ésotériques et des évocations démoniaques. L'action visible de la Crypte reste cependant peu visible à la plupart des ra, sauf quand les choses tournent mal, et cette administration se traîne une réputation sulfureuse et peu rassurante.

La Police des Rêves, quand à elle, veille à ce que les ra “pensent aux bonnes choses”. Conscientes que la volonté des citoyennes peut influencer la réalité du monde, la Police traque les pensées hérétiques, les éradiquent, les transforment, les manipulent, tout cela dans le but que le Khanat continue de correspondre à ce qui est attendu. Quand à qui décide de ce qui est attendu, cela reste sujet à interprétation : en théorie, tout vient du Khan, mais il semblerait que les luttes de palais aient aussi parfois un certain rôle.

La Police et la Crypte se surveillent mutuellement avec férocité, ce qui évite que chacune de son côté ne fasse trop de dégât. Le Khan a toujours le dernier mot en cas d'arbitrage, évidement. Un proverbe dit : “Intéresse-toi à ce que le Khan peut dire, tiens-toi à distance de ce que la Crypte peut faire, et ne pense pas à la Police des Rêves.”

Quant à la Grande Bibliothèque ? Elle est la mémoire du Khanat, chargée de compulser tout ce qui a été dit et fait, tout de qui sera dit et fait¹⁾. Bien sûr, certaines sections sont réservées et accessibles uniquement avec les bonnes autorisations : il y a des choses qu'il vaux mieux oublier… Ce rôle de mémoire est souvent sous-estimé par les autres organisations. Mais chacune s'en souvient quand il faut retrouver la solution apporté à un problème déjà rencontré.

Au delà de ces grands pôles, le Khanat est structuré par son administration tentaculaire. Il y a un formulaire pour tout. Cependant, l'administration gère surtout ce qui concerne les groupes, sans forcément se préoccuper du détail des individus. Vous pouvez très bien passer des années sans croiser un fonctionnaire, et nul ne vous en voudra pour ça. Mais à partir du moment où vous souhaiterez interagir avec d'autres ra, vous risquez de tomber sur un papier à remplir en triple exemplaire, qu'il s'agisse de créer une structure commerciale, d'avoir un canal de communication pour papoter avec les amies, de fonder officiellement une famille… L'administration structure certains pan de l'éducation avec les jbovelcli, professeures itinérantes chargées de s'assurer que chaque ra connaisse les fondamentaux du Khanat, et l'organisation de l'InfrAcadémie (abrégée “InfrA”), l'université où on peut “tout” apprendre ou presque. Elle s'occupe aussi de justice à travers la nomination des Grandes Juges, chargées de veiller à l'harmonie de la société.

Le pouvoir du Khan est aussi représenté par les Légions. Armées orientées vers le génie civile, les Légions entretiennent les structures de communication et de transports, s'assurent que l'ordre règne partout et, à l'occasion, le ramène en tapant sur les gens. C'est aussi et surtout les premières à patrouiller les divers lieux du Khanat pour surveiller les Sources²⁾ et en cas de besoin, les premières à intervenir pour les contenir.

Enfin, à défaut de travailler dans ces instances, les ra peuvent aussi avoir un rôle de première importance dans la vie du Khanat en créant des organisations, ou kagni. Suivant la taille de ces organisations, elles auront un impact très local (kagnipa et kagnire) ou plus développé (kagnici et kagnivo). Les kagnivo, en particulier, peuvent gérer des kastrons entiers. Parfois appelés “Maisons”, elles envoient leurs représentants à la Cour de Va'itu'a, ce qui permet à la fois de consolider les alliances et les échanges avec d'autres Maisons tout en éliminant des concurrentes, mais aussi de faire entendre leur voix “un peu mieux” pour les différentes décisions prises par le Khanat et relayées par le Khan.