Aller au menu du forum Aller au contenu du forum Aller à la recherche dans le forum
Logo Khaganat
Menu principal
Menu

Voir les contributions

Cette section vous permet de consulter les contributions (messages, sujets et fichiers joints) d'un utilisateur. Vous ne pourrez voir que les contributions des zones auxquelles vous avez accès.

Voir les contributions Menu

Messages - Lyne

11 Août 2013 à 17:29:24
Cliquez pour afficher le message
Bien avant de recevoir la désignation pompeuse de « chef-lieu de district », Shelifet avait été un point de rassemblement pour les ras pendant des siècles. Peut-être même des éons.
Et puis, un jour, un fonctionnaire quelconque d'Hoslet avait décidé qu'il fallait définir un district pour cette zone à trois jours de branaz de la principale ville du kastron, et son choix, pour des raisons connues des seules Brumes, s'était porté sur Shelifet.

C'était essentiellement un vaste champ vaguement trapézoïdal, que longeait sur son plus grand côté la vieille route des Khans, et qui se distinguait nettement des terres environnantes par son absence totale de végétation et la dureté de la croûte de glaise séchée qui le recouvrait.
Dans cette région dédiée à l'agriculture, une terre stérile n'éveillait guère de convoitise, et les habitants des exploitations voisines y avaient naturellement trouvé un terrain neutre où se retrouver, pour faire la fête ou échanger les dernières nouvelles.
Il faut dire que les exploitations étaient généralement auto-suffisantes. Et, quand elles ne l'étaient pas, elles importaient ce qui leur manquait de la Ville via le réseau ferré qui transportait leurs productions jusqu'à Ratmindju. A moins d'être sur le même tronçon, leurs habitants n'avaient donc guère de contacts avec les autres fermes de la région. Ils remédiaient à leur relative solitude en se retrouvant périodiquement à Shelifet.
La présence d'un relais de branaz à l'un des « angles » garantissait également qu'on pouvait y croiser à tout moment, ou presque, des voyageurs venus des quatre coins du Khanat. Et y boire tranquillement un petit quelque chose que les contremaîtres n'auraient pas forcément vu d'un bon œil.

Le relais était d'ailleurs la seule structure à peu près pérenne de Shelifet.
Le kastron faisait périodiquement des tentatives pour reconstruire ou rénover quelques bâtiments pour ses fonctionnaires, mais les propriétaires des alentours n'étaient pas particulièrement désireux d'aider les percepteurs d'impôts à s'installer trop près de chez eux, et les constructions retombaient vite à l'abandon faute d'entretien ou de matières premières. Quant aux quelques spécialistes trop coûteux pour une seule exploitation, ils étaient soit invités spécialement de la ville pour une durée plus ou moins courte, soit logés à l'année – aux frais de l'ensemble des propriétaires – par les gérants du relais.


Pour l'heure, la foule des grands jours se pressait dans la poussière au pied de l'estrade installée le long de la route : surplombant ses administrés, au milieu des bannières de son kagnivo qui claquaient dans le vent, le kelafé prononçait un discours.
Un bon discours, d'ailleurs. Kirun l'écoutait distraitement, préférant se concentrer sur le public plus que sur l'orateur. C'est à ça qu'on reconnaît un bon discours : quand l'assistance semble suspendue aux mots qui coulent de la tribune, quand les rires et les frémissements se déclenchent à l'unisson, sur un mot, un geste, voire une simple inflexion dans le ton du beau parleur perché là-haut. Oh oui, c'était vraiment un bon discours. Presque tous les ras présents vibraient aux paroles de leur kelafé, qu'ils soient saisonniers, employés depuis de longues années ou propriétaires d'exploitation, natifs des plaines ou d'ailleurs, chargés de souvenirs ou à la mémoire légère, interfacés ou non, ucikaras, tcaras et même runzatras.

Les seules exceptions étaient les enfants – qui, de toutes façons, ne s'intéressaient jamais aux discours – et les journaliers. Ceux qui ne venaient dans les plaines que le temps de gagner de quoi payer un entraîneur ou un appartement à Natca. Ceux qui rêvaient de la gloire des combats, de l'honneur gagné dans l'Arène, et se souciaient bien peu de la soi-disant gratitude que le Khanat éprouvait pour ceux qui le nourrissaient et dont le kelafé prétendait se faire l'écho.
Kirun commençait à se demander si celui qui avait rédigé ce discours si parfait n'avait pas fait une boulette. Certes, les journaliers n'avaient pas leur mot à dire sur la direction du kastron – que, par définition, ils ne faisaient que traverser à un rythme plus ou moins rapide – mais ils s'exprimaient autant, si ce n'est plus, que les autres lors des repas ou des réunions, et leur avis était toujours écouté. Oui, moqué aussi, parfois, mais quand même. Certains finiraient peut-être par trouver leur rêve à Courtoisie ou ailleurs, et par acquérir un certain pouvoir, voire par monter assez haut au sein d'un kagnivo concurrent. Et ils se souviendraient peut-être de ce jour, et d'avoir été ignorés par ce ra si fier dans sa belle tenue, au milieu de ses bannières. Et la décision finale du choix du kagnivo qui gérait un kastron se faisait toujours à Va'itu'a. Quoi qu'en disent les gens des plaines.

Kirun observait les journaliers. Ceux qui migraient progressivement vers l'extérieur de la foule, écœurés ou simplement pas intéressés.
Et ceux qui se rapprochaient de l'estrade...

Et puis, le ton du kelafé changea. Finalement, son secrétaire avait bien fait son travail. D'un large geste, il invita tous les présents à faire le plein aux stands qui proposaient à boire et à manger – comme s'il avait été pour quoi que ce soit dans l'organisation de la fête du printemps – et à le rejoindre ensuite à l'autre bout du champ, où ses légionnaires allaient parader, et où ceux qui le souhaitaient pourraient affronter des automates d'entraînement, voire des membres de son kagnivo.
Cette fois-ci, les journaliers se joignirent à l'ovation avant de se diriger, avec plus ou moins de précipitation, dans la direction indiquée. Kirun ne vit ni Hisnat ni Cancan parmi eux, mais elle ne doutait pas un instant qu'ils se débrouilleraient pour être aux premières loges.

Elle secoua la tête, désabusée, et prit la direction des stands sans se presser. Les juges pour les tartes aux klums avaient dû écouter le discours, comme tout le monde. Il leur faudrait un moment avant de pouvoir commencer la dégustation.
Elle sourit en voyant que plusieurs intendants prenaient également leur temps pour rejoindre les tentes où ils signeraient les contrats pour l'année. La fête du printemps était traditionnellement, au moins dans les plaines, le moment où se lançaient les choses importantes. Les mariages (mêmes si les préliminaires avaient généralement commencé à la fête du printemps de l'année d'avant... voire même quelques années plus tôt), les associations et organisations, et bien sûr, le renouvellement des contrats annuels pour les saisonniers.
Mais, cette année, personne ne signerait quoi que ce soit avant d'avoir vu le spectacle des légions.
Kirun, elle, avait un contrat perpétuel. Pas besoin de renouvellement. Elle salua poliment de la tête les intendants, et continua son chemin en repensant à ce qu'elle venait d'entendre. Oui, décidément, un bien bon discours.
02 Août 2013 à 22:11:18
Cliquez pour afficher le message
« Kirun ! »
Les sons portaient loin dans l'aube naissante des plaines d'Astharie. Surtout en ce jour de fête où les ouvriers avaient congé et où l'exploitation tournait au ralenti.
« Kiii-Ruuun ! »
Mais la silhouette accroupie au milieu des pieds de klums ne semblait pas entendre les appels de l'enfant qui courait autour des bâtiments, là-bas. Penchée sur les feuilles charnues, l'ucikara fredonnait un air étrangement dissonant.
« Ki-i-run ! »
Ce n'était pas une incantation. Il n'y avait pas de magie dans l'étrange tissu de notes qu'elle chantonnait. Mais ses doigts trouvaient avec sûreté les plus beaux fruits cachés dans la verdure, ceux qui portaient encore en eux les rêves de la nuit, ceux dont la peau sucrée et la chair juteuse n'avaient pas été déflorées par la lumière crûe du jour.

« Kirun ! »
Le gamin déboucha, tout excité, dans le sillon et freina brusquement à côté de la cueilleuse. « Où tu étais ? Pourquoi tu as débranché ton kom ? »
La rate continua un instant sa mélodie, rata une note – nettement plus dissonante que les autres – et interrompit cueillette et musique en soupirant.
Elle se releva lentement et se retourna vers l'importun : « Si tu avais écouté hier soir, quand j'ai donné les consignes pour la journée, tu n'aurais pas besoin de poser la question, Hisnat. »
L'interpellé se tassa un peu, maussade, sous son regard froid : « Pourquoi tu t'embêtes, aussi ? Des klums, y'en a plein les silos. J'suis sûr que l'intendant te laisserait prendre ceux qu'tu veux. Même dans ceux pour la Ville. Même si c'était pas pour le concours. De toutes façons, tout le monde fait toujours tout c'que tu veux. »
Les derniers mots étaient accompagnés d'un petit sourire charmeur, et la rate conserva à grand-peine son air sévère. Le garnement était impudent et bien trop doué à ce petit jeu. Mais il y avait un peu de vrai dans ses paroles. Personne ne tenait à se faire mal voir de la cuisinière. L'intendant pas plus que les autres.
Bizarrement, ça n'avait pourtant jamais empêché Hisnat d'enchaîner les bêtises, jusques et y compris dans sa cuisine.

Kirun secoua la tête, et se pencha à nouveau vers les plantes, en lâchant, d'un ton docte qui n'admettait pas la contradiction : « Les meilleurs klums sont cueillis à l'aube, à la main, en écoutant la part de rêve qui s'accroche encore en eux. On ne fait pas une bonne tarte aux klums avec des klums de la veille, des klums que le jour a privés de mystères. C'est comme ça. Et » ajouta-t-elle avec un regard appuyé à Hisnat « on ne peut pas trouver de bons klums si on est tout le temps interrompu. »
Puis, doucement, elle reprit son fredonnement, tentant d'écarter le gamin de ses pensées. Elle n'avait plus beaucoup de temps si elle voulait remplir son panier. Elle se concentra sur son chant, et chercha les échos qui résonnaient en réponse dans les klums.

Mais Hisnat n'était pas parti. Pire, il trépignait toujours à côté d'elle.
Avant même qu'elle n'ait pu trouver un nouveau fruit, il craqua et se remit à parler à toute vitesse : « Y'a Cancan qui m'a appelé sur mon kom. La légion est déjà à Shelifet ! Ils ont commencé à tout vérifier ! Et ils ont l'emblème du kagnivo du kelafé ! C'est l'unité qui s'occupe de sa protection ! Ça veut dire qu'il va vraiment venir ! Il va venir à la fête du printemps ! Dans notre district ! Tu te rends compte ? T'as déjà vu le kelafé, toi ? J'vais lui montrer comme je sais bien m'battre ! Tu crois qu'il me prendra dans sa légion ? J'suis pas grand, mais je bats toujours Cancan ! »

Kirun se redressa une nouvelle fois et leva la tête vers le ciel de plus en plus lumineux. C'était trop tard. Il lui faudrait faire avec les klums qu'elle avait déjà ramassés.
Elle vérifia soigneusement que son panier était hermétiquement fermé, le ramassa et fit signe à Hisnat de reprendre la direction de l'exploitation. « Le kelafé a bien d'autres choses à faire que de s'intéresser à un gamin mal élevé. Il y a plusieurs districts qui se sont plaints de sa gestion, alors il vient nous dire à quel point nous avons de la chance que ce soit lui qui occupe ce poste et pas quelqu'un d'un autre kagnivo. C'est tout. Quant à la légion, crois-moi, moins tu t'en approches et mieux ça vaudra pour toi. »
Mais Hisnat ne l'écoutait pas. Armé d'une épée imaginaire, il faisait mine de terrasser d'invisibles ennemis en la précédant sur le chemin.

Kirun le suivit, perdue dans ses pensées.
Sa tarte serait certainement récompensée. Comme tous les ans. Tout le monde disait qu'elle faisait les meilleures tartes du district, peut-être même de tout l'ouest du khastron. Quelles étaient les chances que le Kelafé participe au jury du concours de la meilleure tarte aux klums d'un district provincial ? Ou à la remise des prix ? Comme elle l'avait dit à Hisnat, il avait bien d'autres choses à faire que s'intéresser à une simple cuisinière, quelle que soit la qualité de ses tartes... N'est ce pas ?
05 Juillet 2013 à 01:34:08
Cliquez pour afficher le message
Sections "Présentation du Projet/Présentation des gens" et "Présentation du Projet/Stratégie générale du projet" vérifiées.

Dans le post sur le choix des licences, je pense que c'est bon, mais vous voudrez peut-être relire ce qui est dit sur le choix d'AGPL par RyzomCore. (Moi, ça ne me choque pas. Mais là, il est tard, et je ne suis peut-être plus très objective.)
25 Juin 2013 à 21:55:43
Cliquez pour afficher le message
Tout ça me paraît tellement évident, que c'était probablement indispensable de le mettre par écrit.
Je vote donc pour, y compris la proposition de Yann pour une page sur le wikhan. Près de la page expliquant comment se connecter à l'IRC ?
19 Juin 2013 à 23:05:25
Cliquez pour afficher le message
*passe prudemment la tête par la porte*
Y'a quoi dans les bouteilles, là ?
Licences Mentions légales Accueil du site Contact