On en a parlé au dernier khanathon, et depuis l'idée fait son chemin. Je reprends donc ce qu'on a dit, pour les absents et les Oublieux
Ces temps-ci, on est un peu en sous-effectif côté programmeurs. Ce qui met forcément un gros frein sur le côté développement du MMORPG. Nous avons mis des choses en place pour pouvoir aller les appâter proprement (mettre notre licence au propre, nettoyer le wikhan, et y'a encore du boulot, d'ailleurs), mais même comme ça, il faut aussi être réaliste : on cherche des gens compétents, sur du c++ (langage pas si facile que ça), qui vont bosser gratos, sur un projet qui a tendance à faire fuir les plus experts (le mmorpg c'est beau, mais c'est casse-gueule, même quand c'est pro).
C'est pas grave. Car la force de Khaganat, c'est de ne pas être qu'un développement de MMORPG.
Notre projet, c'est avant tout de développer tous les outils et les modes de création autour d'un monde. Et ce monde, c'est Khanat. Lui, il existe déjà, même si nos avatars ne peuvent pas marcher dessus. Dans nos histoires, dans nos images, il vit.
On a pas de développeurs ? Qu'à cela ne tienne, on va développer d'autres choses autour du monde, en s'appuyant sur ce qu'on a.
C'est là que l'idée de websérie m'est apparue. Bon, ça fait un bail que j'ai envie d'arriver à écrire une websérie, entre autre parce que j'ai dans mon réseau une petite troupe d'acteurs formidables à qui ça ferait du bien. Mais l'idée est aussi horriblement mercantile de ma part, je l'avoue. Une bonne websérie est un fabuleux outil de promotion, qui peut rassembler une communauté ; communauté sur laquelle on peut ensuite s'appuyer (que ce soit pour exploiter les compétences de certains, ou pour lancer des crowfundings, ou même pour faire parler de nous, ce qui ramène des gens à exploiter
).
Ce qui est nécessaire pour une websérie, c'est ce que nous avons ici en abondance : le talent de raconter des histoires.
Evidement, ça ne suffit pas. La websérie est sans doute un des formats les plus contraignants qui existe et au niveau de l'écriture, je trouve que c'est très complexe.
Déjà, il y a le format : très court. J'avais en tête 11-12 minutes, en fait en y regardant de plus prêt, les pilotes font entre 2 et 4 minutes, et ce format est visiblement celui qui est le plus efficace pour attirer du monde. Ces quelques minutes ne doivent souffrir d'aucun temps mort. Une bonne websérie doit avoir un rythme d'enfer. Pour une "saison" on compte entre 10 à 20 épisodes. Après ça dépend du rythme de sortie qu'on veut avoir : une par mois ? C'est long. Une par semaine ? C'est l'idéal niveau "marketting" mais ça demande d'avoir du temps (pour écrire, tourner, monter). Si on peut en faire 2 par mois, ce serait pas mal je pense, ce qui fait 18 sur une année scolaire, et 3 mois de pauses
ou 36 épisodes si on fait du non-stop...
Ensuite, il y a le ton. Si on veut que ça marche, il faut que ce soit drôle. Le comique, c'est une des choses les plus dures à gérer. Ça se joue dès le scénario, avec les situations et les dialogues, mais ça doit aussi être renforcé par la mise en scène, le jeu des acteurs, le montage, etc. C'est de la haute voltige.
Au niveau de l'écriture, il est peut être plus facile de se centrer sur un personnage principal, ou deux, qui reviennent d'épisodes en épisodes. Évidement, divers personnages (récurrents ou non) peuvent graviter autour d'eux, hein. Ceci dit, beaucoup de séries à succès vont à l'encontre de ça (
Kaamelott étant le meilleur exemple : une foule de personnages, tous plus chouettes les uns que les autres, qu'on retrouve avec plaisir). Quoi qu'il en soit, il faut que chaque personnage soit bien typé. Certaines séries commencent avec un personnage puis, tandis que des personnages secondaires sont appréciés par le public, ces derniers prennent de l'importance et finissent par avoir un rôle à part (exemple type dans
3615 Usul, qui démarre avec juste le chroniqueur, et qui finit avec pleins de gens (dont certains interprétés par les même acteurs, mais c'est pas grave, ça marche quand même)).
Le thème général de la série est aussi important. De l'humour, certes, mais sur quel ressort ?
Noob, petite série sans trop de moyen à la base, a fait son succès en jouant sur le côté IG/IRL du mmorpg et toutes les situations cocasses qui peuvent en résulter, ainsi qu'une réinterprétation de ce que pourrait donner le mmorpg s'il était "en vrai" (les icones avec le nom au dessus de la tête des gens, les bastons avec les PV qui apparaissent...). Certes, notre thème c'est "Khanat", mais au delà de ça ? Est-ce qu'on va parler d'un pluknai qui arrive en ville ? Est-ce qu'on va parler d'un Oublieux qui est persuadé d'être dans un jeu ? Est-ce qu'on va parler de la difficile vie d'un fonctionnaire ?
Il y a aussi une contrainte niveau écriture : quelqu'un qui prend la série en cours doit pouvoir se marrer tout du long, afin de décider ensuite d'aller tout regarder. Encore une fois, Kaamelott est un superbe exemple : montrez un épisode, n'importe lequel, et les gens s'installent pour regarder la suite. Bien sûr, on apprécie plus quand on connait de retrouver la progression des personnages, mais même sans avoir cette progression, on peut apprécier à chaque moment les scénettes. C'est particulièrement vrai dans les premières saisons ; un fil narratif plus fort peut se mettre en place par la suite, mais s'il y a déjà le public, ça va...
Contraintes de lieu, de matos, etc : là, je reprends notre devise favorite : Rêvez Grand. On verra bien comment réinterpréter la "grande bataille de fenra avec milles combattants et de la magie qui fuse de partout" ou "Natca, course de mumut" avec ce qu'on aura. Chacun de nous a du réseau, et puis on peut aussi évoquer beaucoup avec des bouts de ficelles. Peut-être que certains morceaux de scénarios demanderont d'être réécrits pour être joués, ou reportés au moment où on pourra investir, mais on s'en sortira.
On ne commencera le tournage uniquement quand on aura une saison complète (18 à 36 épisodes, donc
). Autant que possible, j'espère rassembler le tournage lui-même en peu de jours. Ça demande une bonne organisation (autorisation de tournage suivant les lieux, arriver à rassembler tout le monde alors que chacun a un emploi du temps différent, gérer l'hébergement, les transports, la nourriture, le matos, etc) donc autant rassembler. Et puis, si on a toute une saison, on sait qu'on a de la matière, que "y'a plus qu'à"
Soleane m'a posé la question de la rémunération des acteurs : ils sont gentils, ce sont des bénévoles aussi. Si on arrive à faire un bénéfice avec ces vidéos on partagera avec eux (Youtube rémunère à partir de beaucoup de vues et si on en arrive là on sera béni). Je ne leur ai pas parlé du fait qu'on va tourner en CC-BY-SA mais je ne pense pas que ça pose souci, dans ce cas-là. Ils sont en recherche d'occases comme celle-ci, s'amuser à filmer de bonnes histoires, interpréter des personnages...
Certaines régions offrent des petites bourses aux cinéastes amateurs ; lorsqu'on en sera à cette étape du projet, on regardera si on arrive à se faire financer par ce biais une partie de l'organisation. Autant que possible, je vise l'économie, tant qu'on a pas de sous ; mais si y'a besoin, on en trouvera sans que tout le monde doive se ruiner...