Vaste sujet. L'immortalité potentielle bouscule pas mal de choses dans une société.

Le premier qui pose souci est l'héritage. Comment les nouvelles générations peuvent-elles avoir leur part du gâteau si les anciennes ne laissent jamais la place ?

Dans les organisations, la question se pose encore plus crûment : comment fait-on pour devenir chef à la place du chef ? Et qu'est-ce-qu'on fait du chef ? On ne peut pas attendre que le chef en question meurt, car on est persuadé qu'il va revenir ensuite.

Chacun sait que sa vie sera longue. Le rapport à l'existence n'est pas le même non plus. On sait qu'on a le temps pour arriver à ses fins… On sait aussi qu'on ne va pas faire mille ans la même chose et les autres non plus ! La plupart des ras finissent par vouloir changer de vie, recommencer ailleurs, autrement. Imaginez-vous cinquante ans au même poste : même si c'est un bon poste, que vous aimez, au bout d'un moment la lassitude s'installe.

Pour ceux qui s'accrochent (ou quand on n'a pas la patience), parvenir à évincer son adversaire implique de convaincre les soutiens de celui-ci de changer de camp pour soutenir un nouveau parti. Il y a évidement toutes les magouilles politiques pour pousser un adversaire vers la sortie, des incitations plus ou moins bien intentionnés aux scandales finement montés. Tout ce qui peut salir la réputation d'un adversaire peut aider. Convaincre son adversaire de changer de vie est aussi possible. Cela dépend aussi des structures de chaque Kagnivo, certains permettent de faire facilement tourner les responsabilités, d'autres sont conçus pour laisser un chef au pouvoir, et dans ce cas les complots fleurissent.

Pour les plus violents il y a aussi des possibilités criminelles. La plus simple est le kidnapping: une fois enfermé, le chef ne peut plus gouverner. Il faut évidement éviter de se faire prendre, la séquestration restant un crime. Et donc aussi empêcher que le chef puisse s'échapper et aller raconter ce qui lui est arrivé. Dans ce genre de cas, il n'est pas rare que la captivité soit accompagnée de tortures destinés à faire perdre l'esprit, le danger étant qu'une mort est la porte de sortie évidente pour le capturé. L'utilisation de certains poisons et drogues pour aider à la coopération du prisonnier sont aussi logiques. Et il va de soit qu'avec tout ça, on joue avec les plus grands tabous des ras, l'oubli et la douleur, donc les criminels de ce genre ne bénéficient d'aucune pitié quand ils se font attraper. Et sur une éternité, ils se font toujours attraper un jour !

Donc, si vous souhaitez convaincre votre papy de vous laisser diriger l'exploitation, offrez lui des vacances tout frais payé, prenez soin de lui, plutôt que de prendre le risque de tout perdre en devenant criminel.

Comment se débarrasse-t-on des criminels dans un monde où l'emprisonnement pourrait être littéralement pour l'éternité et la peine de mort inapplicable ?

Un tel monde devrait forcer à les traiter de façon plus humaine. Enfin… tout est question de point de vue.

La première motivation du Khanat est de corriger les comportements délictueux et d'apprendre aux gens à bien se comporter, vu que les gens vivent indéfiniment. La seule façon efficace de les empêcher de nuire est de leur donner l'envie de ne plus nuire. L'enfermement dans les prisons du Khanat est là pour protéger les citoyens le temps que le criminel soit éduqué. Le but est de le réinsérer.

Pour certains crimes et certains criminels, cela ne suffit pas. Ce sont des circonstances exceptionnelles, comme dans le cas des crimes contre le Khanat ou des multirécidivistes sur des crimes graves. Dans ce cas, la Police des Rêves intervient, car c'est la seule instance à maîtriser le processus d'Oubli forcé. Il est à noter que le processus est indolore… en tout cas, personne ne se souvient que c'est douloureux. S'ajoute un oubli “administratif” où sont effacés toute trace du passage de la personne dans le kastron, son nom dans les papiers, sur les monuments, etc.

Pour les crimes contre le Khanat, parfois dans le cas de certains crimes extraordinaires, à l'Oubli imposé au criminel s'ajoute un effacement des informations le concernant dans les archives du Khanat, voir un oubli imposé à tout un groupe de témoin. Ces mesures sont extrêmement rares. Si rare, qu'on n'en trouve aucune trace.

Le Khanat applique aussi deux autres peines lourdes : la disgrâce, où on perd tout ses titres et revenus associés et l'exil, où on est interdit de séjour sur un kastron jusqu'au pardon (lequel peut ne jamais venir).

→Mérite un article complet sur les divers types de poisons possibles ? Si un poison qui tue simplement a peu d'intérêt (retour revif ensuite), d'autres types de poisons peuvent être utilisés par les criminels. Ceux qui affaiblissent le corps et l'esprit entre autre, qui permettent d'éliminer un adversaire en le faisant passer pour gâteux. Comme ces poisons doivent être administrés régulièrement (sinon l'autre sort de son abrutissement), c'est très délicat à faire. Plus les personnages sont importants, et plus ils sont protégés, rendant l'approche des malveillants encore plus difficile.

Un poison qui tue en empêchant le revif est quasi impossible à faire (ou, pour le dire autrement, qui force une réinitialisation complète dans les Brumes), ça tient de la légende.

Quel que soit le type de poison, celui qui l'utilise sera considéré comme un criminel s'il se fait prendre, de même que celui qui le fabrique, et toute personne ayant trempé de prêt ou de loin dans une affaire de poison. C'est un crime très grave ; les connaissances sur le sujet sont difficiles à obtenir. En dehors de quelques fous, les connaissances sur le sujet sont entre les mains de certains soigneurs très précis… pour faire des contrepoisons, et c'est avant tout la science de la guérison ! Pour autant certains types de poisons ne sont pas dur à faire, pas très discrets non plus.

Les ras ont l'âge et l'apparence qu'ils s'attendent à avoir. C'est un effet secondaire de l'importance du Rêve. L'image mentale qu'ils ont d'eux-même façonne leur corps. Chaque passage par un Revif peut réactualiser cette image de façon surprenante. Ainsi un ra qui “oublie” peut se retrouver plus jeune après un revif. Ou plus vieux.

En dehors des revifs, le corps s'adapte quand même à l'image mentale du ra. S'il se voit vieux et usé, il le sera. Si après 35 ans il se voie toujours comme un gosse, il aura l'apparence et la mentalité du gosse. Si la cicatrice prise sur telle champ de bataille l'a marqué, il va la garder. Mais s'il en a tellement qu'il oublie de les compter, d'un revif à l'autre ses proches pourront constater qu'elles changent.

Il y a donc des jeunes, des vieux, des moches, des beaux, tout un éventail de gens dans le Khanat, comme sur notre monde. Mais le vieillissement ne suit pas un processus aussi prévisible.

La surpopulation n'est pas aussi problématique qu'on pourrait le craindre dans un monde d'immortel.

En premier lieu, la natalité est basse. Les ras, parce qu'ils sont immortels, sont naturellement peu fertiles. Il y a toujours des exceptions mais dans l'ensemble ils ont peu d'enfants, à des intervalles assez longues.

Je suppose que les ras ont aussi un moyen de contraception “interne”, lié autant au rêve qu'à la biologie, qui les rendent infertiles (complètement) tant qu'ils n'ont pas de désir d'enfant, que ce soit pour les mâles ou les femelles.

L'impératif de faire des enfants (pour l'héritage, pour la perpétuation, etc) n'existant pas, le choix d'être parent est donc lié à d'autres raisons, comme le plaisir de voir pousser des graines ou le masochisme de se rajouter des corvées (rien n'oblige à être un bon parent).

Une partie de la population des ras est considéré comme “retenu” dans les Brumes lors des revifs. Cela touche un petit pourcentage de ra qui vont se “perdre”, soient qu'ils sont relâchés très longtemps après y être entrés (des années, voir des Éons plus tard), soit qu'ils aient tellement oublié d'eux-même qu'ils ne soient plus vraiment les mêmes. Le premier cas aide aussi à limiter la surpopulation. Il y a dans le lot des ras qui en ont assez de la vie et aspirent à s'effacer. Un ra qui ne veut pas revenir a peu de chance de ressortir des Brumes : encore une fois, son “rêve” trouve un écho dans la nature des Brumes.

Au fil de l'Éon, les Brumes avancent et reculent, ouvrant des territoires à la colonisation, ou faisant disparaître une part de la population dans ses nuages.

Une légende affirme que les nouveaux-nés ont l'âme d'un ra égaré dans les Brumes, qui n'a trouvé que la réincarnation pour s'échapper. Les Quetzaras ont quant à eux un rituel pour donner aux nouveaux-nés la force et le savoir d'un ra qui choisi d'abandonner sa vie afin de laisser une nouvelle génération apparaître.

On raconte aussi que quand le Khanat est trop habité, c'est que la fin de l'Eon approche. Les Brumes recouvrent alors le monde et remettent les compteurs à zéro.

Thèse Ordinante : Si trop de ra = plantage du serveur et donc reboot (fin de l'Éon donc). Not enough memory allowed… Ce côté systématique entraîne une peur des naissances, un contrôle pour éviter la fin de l'Éon. Mais aussi : plus de ras ⇒ allocation de nouvelles ressources serveur ⇒ extension de la zone vitale et reflux des Brumes (c'est valable dans l'autre sens d'ailleurs : moins de ra ⇒ réduction de l'espace vital ⇒ fusion des serveurs ).

Il est possible que certains Ra se souviennent de tous les Éons. L'oubli est une mesure de protection contre la folie, mais n'a rien d'obligatoire. Se souvenir de tout doit être étrange et sans doute pas très agréable, à un moment.

Un avatar pourrait-il aboutir sur un monde parallèle via les brumes ? (c.-à.d. un autre serveur) Si les serveurs permettent de gérer des évolutions divergentes de mondes, ça paraîtrait une possibilité intéressante.