Tout ra, tant qu'il respecte les lois du Khanat, et les lois et coutumes locales, est entièrement libre de ses actions et de ses décisions. Y compris, s'il le décide en toute conscience, d'aliéner cette liberté au profit d'un autre. Il devient alors sefno'i (noble servant). C'est le no'i tebig (noble contrat).
L'état de sefno'i étant, par définition, une situation dont il est très facile de profiter, il est très codifié, strictement encadré et encore plus étroitement surveillé.
La mesure la plus connue est l'entretien annuel imposé par la Polcie pour s'assurer que les conditions du no'i tebig ont bien été respectées, et pour que le sefno'i puisse indiquer s'il souhaite, ou non, continuer.
Mais d'autres, nombreuses, règles s'appliquent. La première est que le no'i tebig ne peut être conclu qu'avec des conditions précises, définies dès l'origine : qui, pour quoi faire, avec quelles limites, éventuellement pour quelle durée (celle-ci ne peut dépasser un an – si le contrat doit se poursuivre, il faut un nouvel engagement, cf. plus haut). Un ra peut ainsi se mettre au service d'un autre pour certaines actions, mais pas d'autres : un gladiateur peut être prêt à mourir de façon répétée dans l'Arène pour son école, mais pas dans d'autres circonstances. Un no'i tebig peut inclure l'effacement de la mémoire à la fin du contrat ou dans certaines circonstances.
Ces conditions sont consultables par n'importe qui, n'importe quand (sous réserve de remplir le bon formulaire, de le donner au bon guichet… L'administration est la même partout), et quiconque soupçonne un abus peut, et doit, le dénoncer dès que possible.
Un no'i tebig ne peut être cédé : si le ra au service duquel on s'est placé souhaite y mettre fin, alors le contrat s'arrête.
Si le ra « aliénant » ne respecte pas les conditions, il sera très lourdement sanctionné. La peine pouvant aller jusqu'à l'Effacement complet.
De même, si le sefno'i souhaite se désister avant la fin prévue, il perdra gros, et pas seulement en terme d'honneur.
Un ra qui s'aliène ainsi n'est plus considéré comme responsable des actes qu'il commet au service de son « maître ». Il est également très respecté pour le sacrifice qu'il accomplit – au moins dans certains milieux, et si la cause qu'il a choisi de servir en vaut la peine. Si l'honneur qu'on peut en tirer a posteriori est grand, la principale raison qui pousse certains ra (et ils sont rares) à suivre cette voie, reste la volonté de se mettre au service d'un ra ou d'une cause hautement respectée pour le, ou la, faire progresser.
Certains considèrent que l’enrôlement dans la Légion s'apparente à une forme de no'i tebig, mais ce n'est pas le cas car les Légionnaires restent responsables de leurs actes.
Par contre, les ra qui passent les Grandes Portes de Va'itu'a pour se mettre au service du Khan et ne jamais revenir sont bien ceux qui poussent au plus haut point le no'i tebig.
À Natca, où le code de l'honneur est très important, le no'i tebig est très respecté et c'est un des endroits du Khanat où on trouve les ras prêts à signer des contrats de ce genre. Ils restent cependant assez rares, car le degré d'abnégation et d'obéissance que cela demande est un prix lourd à payer.
Dans la plupart des tribus qui peuplent Culno, le no'i tebig est considéré avec un mélange de fascination et de répulsion. Vendre sa liberté, ne plus être responsable de ses actes, est souvent considéré comme une forme de folie.
Le no'i tebig ne remplace pas un contrat de travail honnête, avec congés payés, jour de repos et autres.
La plupart des ras n'ont aucun problème à prendre un engagement “simple”, que ce soit pour un travail, fonder une famille ou défendre leur kagnivo. Mais ils restent responsables de leurs actes, ils peuvent aller et venir comme bon leur semble, et ce qui les lient à d'autres ras reste un lien d'égalité et non d'assujettissement. Même si on leur demande d'obéir à certains ordres, ils le font non parce que c'est un ordre, mais parce qu'ils sont d'accord avec cet ordre.
Le no'i tebig va bien plus loin que ça. Une fois signé et tant que cela entre dans les clauses du contrat, le sefno'i renonce à son individualité, quels que soit ses sentiments personnels. Il n'est plus qu'un instrument au service d'une cause ou d'un ra. Il peut être amené à faire des choses qui sont contre sa nature, simplement parce qu'il n'avait pas envisagé cela lors de la signature de son no'i tebig ; alors qu'un ra ayant signé un contrat “classique” pourrait, dans un cas similaire, refuser de s’exécuter sans perdre son honneur.
Être un sefno'i ne permet pas de faire des infractions à la loi, mais son abnégation et un contrat mal pensé peut l'amener à le faire dans certains cas.
S'il s'avère qu'il a enfreint la loi à cause de son no'i tebig, le sefno'i n’écope que d'une peine légère, son maître1) devant assumer la responsabilité complète devant la loi, qui sera souvent assez sévère dans ce genre de cas.