Les manti sont des insectes sociaux vivants en colonie et construisant des ruches aux formes surprenantes. Elles sont extrêmement sensibles aux flux de lakne et zbasu, ce qui se voit directement dans la forme que prennent leurs constructions.
Bien qu'étant de la même espèce, les manti d'une même colonie se divisent en caste, dont les individus présentent des différences morphologiques très marquées.
Une faible proportion d'individus au sein de la colonie a le statut de reproducteur :
Si un rorci se nourrit de certains sucs produits par une mamta, il va entamer une métamorphose. Au sein de la colonie dont la mamta l'a nourri, il va passer quelques mois à se transformer, pour devenir “fille” (lo tixnu), changeant de sexe au passage. Ces tixnu vont alors accomplir un vol nuptial avec les rorci actuellement présents dans la colonie, puis une fois fertilisées, vont chercher un lieu où fonder une nouvelle colonie.
Ce lieu trouvé, elles vont alors perdre leurs ailes (qu'elles dévorent au passage), et se mettre à pondre. Leurs premiers rejetons les aideront à construire leur colonie.
Les œufs pondus par la mamta sont pris en charge par les rirni, une caste parmi les ouvriers, sortes de nourrices qui vont transporter les œufs à un endroit où ils seront dans les conditions idéales d'éclosions, au chaud.
La manti qui sort d'un œuf est un tout petit insecte, sans ailes. Nourri par les rirni, il va grandir jusqu'à atteindre leur taille, et devenir rirni à son tour.
Les rirni sont donc des petits insectes, qui ne sortent jamais de la colonie, cheminant entre la mamta et les salles d'éclosions, récupérant auprès des autres ouvriers la nourriture. Leur chitine reste assez molle, blanchâtre.
Après une période plus ou moins longue (visiblement liée à ce que la rirni mange), l'individu évolue à nouveau. Il rentre dans un cocon pour quelques semaines, à l'issue desquelles il ressort avec une carapace rigide et des mandibules acérées. La couleur de la carapace dépend de la colonie et des rorci qui ont fécondé la mamta ; certaines colonies ne sont que d'une ou deux couleurs, d'autres présentent des reflets multicolores. Cette couleur sera celle de l'individu pour le reste de sa vie. À ce stade de la métamorphose, il est un ouvrier (lo gunka). Toujours sans ailes, il va cheminer le long des routes qui partent de la colonie, cherchant de quoi nourrir la colonie, participant à la construction de la ruche en amenant les matières qui serviront à créer de nouvelles salles.
Ce stade peut durer plus ou moins longtemps. Lors de la métamorphose suivante, les manti vont acquérir des ailes. Certains individus sortent de cette métamorphose avec des mandibules plus grosses, reliées à des poches à venin, et prennent le rôle de soldat (lo sonci), défendant la colonie des prédateurs. Le venin et la morsure des sonci sont douloureux pour les ra, surtout quand plusieurs sonci attaquent, mais ça dégonfle en quelques jours et c'est rarement mortel, bien que très dissuasif.
Une bonne partie des gunka ne se transforme pas en sonci, mais en bifce (insecte butineur). La métamorphose en bifce a surtout lieu au printemps et en été, au moment où les fleurs sont ouvertes.
Les bifce ont un rôle de pollinisateur très important. Le nectar qu'ils ramènent à la colonie est stocké et transformé par les gunka en miel, qui sert à nourrir la colonie. Le régime des manti est donc très varié.
Les bifce qui vivent suffisamment longtemps deviendront, pour certaines, des rorci. Un faible pourcentage des individus nés au sein de la colonie arrivera à ce stade.
On considère qu'une colonie mature possède généralement :
Au démarrage, le cycle entre les différents stades de métamorphose peut être assez rapide : les premiers œufs de la mamta donnent des rirni faméliques, qui se nourrissent de ce qui se trouve là où la mamta s'est installé et se métamorphosent rapidement en gunka. Ensuite, jusqu'à ce qu'une ruche sécurisée soit construite, on trouve surtout la mamta, quelques rirni et tout le reste en gunka. Puis, peu à peu, la colonie grandit et les autres castes peuvent apparaître.
Lorsqu'un mamta arrive en fin de vie, une de ses tixnu peut s'installer à sa place, si bien que certaines colonies existent depuis très longtemps, grossissant toujours plus.
Les manti se trouvent partout sur le Khanat en dehors des zones froides, bien qu'elles s'adaptent différemment aux régions.
Leurs carapaces sont de couleurs variées suivant les colonies.
Ces couleurs vont de pair avec quelques différences morphologiques mineures, tous les individus restants compatibles entre eux. Si on introduit dans une colonie des rorci de chaque couleur, on obtiendra alors des manti avec différentes couleurs au sein de la même colonie, ce qui donne, à distance, un aspect multicolore assez chatoyant.
Les noires et les brunes sont réputées avoir un venin moins violent ; les jaunes sont généralement plus agressives (il vaut mieux passer plus loin des colonies). Les vertes et les bleues ont tendance à construire leurs ruches en hauteur, sur des arbres ou même à l'intérieur de ceux-ci.
Les manti sont des animaux polyvalents, dont le régime alimentaire est extrêmement varié.
C'est l'un des aspects les plus fascinants des manti.
Suivant les lieux, les ruches sont construites avec de la pulpe de végétaux mélangée à de la boue. Les proportions varient beaucoup d'une colonie à l'autre, ainsi que les matériaux utilisés à la base, ce qui fait que certaines ruches semblent être de papier et d'autres de briques. L'extérieur d'une ruche est généralement assez solide, plus “brique”, mais à l'intérieur, de nombreuses salles sont couvertes d'alvéoles hexagonales faites de pulpe de végétaux mâchés par les gunja, formant une sorte de papier. Ces alvéoles abritent les individus en métamorphose, les oeufs, le miel.
Cette technique de construction est déjà astucieuse en soi. Mais les manti ont la particularité d'être extrêmement sensibles aux flux de lakne et zbasu, ce qui apparaît dans leur façon de construire. Dans les régions où zbasu est très fort, les ruches ressemblent à des tours et des minarets, tous hexagonaux, les constructions étant d'une géométrie rigoureuse. Là où lakne est puissant, les formes s'arrondissent, les ruches se construisent en formant des spirales.
Enfin, lorsque l'équilibre entre zbasu et lakne est rompu, les ruches s'affolent et prennent des formes torturées, cauchemardesques. C'est souvent le signe avant-coureur de l'ouverture d'une fenra.
Les manti sont des insectes fascinants ; certains recueillent des tixnu pour le seul plaisir de les voir construire leurs palais de terre et de papier.
Au-delà de l'observation, le rôle de pollinisateur des bifce est très important pour la santé des exploitations et le miel qu'on peut extraire des ruches est un bonus très apprécié des ra gourmands.
Pour la production de miel, les ra construisent des structures sur lesquelles les manti s'installent. Ces structures utilisent les préférences de construction des manti, afin que les alvéoles de miel soient au bon endroit. De temps à autre, le ra rucher lance sa manivelle, qui coupe l'arrière des alvéoles, laissant s'écouler le miel le long d'un tuyau ; il ne reste plus qu'à récolter, sans craindre de se faire piquer. Les mantis réparent et remplissent les alvéoles à nouveau par la suite, et le cycle peut recommencer. Ces ruches sont assez complexes à fabriquer, car il faut une bonne connaissance de la façon de construire des manti et trouver un bon équilibre entre le miel qu'on leur prélève et celui qu'on leur laisse. Il y a des ruches adaptées aux terrains lakne et d'autres pour les terrains zbasu.
Le métier de rucher est complexe, moins pour le soin apporté aux manti que pour la sélection des terrains : il vaut mieux que lakne ou zbasu soient fermement marqués, les terrains fluctuants gênent la récolte, mais il faut aussi avoir dans les environs les fleurs dont on souhaite retrouver le parfum dans le miel. Certains miels sont forts, presque amers, d'autres doux et liquoreux, chacun ayant ses adeptes. Il faut aussi protéger les ruches des éventuels prédateurs ; enfin, en s'assurant que les gunka ont à proximité tout ce qu'il faut pour l'entretien de la ruche (bonne terre, bons papiers, épluchures et restes de la cuisine…), on s'assure que la colonie prospère et que les bifce peuvent faire leur travail. Ces colonies domestiquées et bien traitées ont souvent plus de bifce que les autres, ce qui assure une récolte de miel plus importante que sur les ruches sauvages.
Les ruches produisent aussi d'autres produits, en faible quantité, auxquels les ra ont trouvé des applications. Les colonies zbasu qui font de l'élevage de champignons stockent un dérivé de ces champignons qui se révèle très efficace contre les petites maladies, renforçant l'immunité. Il arrive aussi que le mycélium ait un effet hallucinatoire, en particulier dans les colonies lakne… ce que certains recherchent aussi, bien que les rêves induits par ces champignons soient souvent d'une étrangeté éprouvante.
Les sonji attaquent les individus qui rentrent dans un certain périmètre autour de la colonie (quelques mètres en général) et peuvent les poursuivre sur 500mètres, voir un bon kilomètre.
En dehors des ra qui saccagent parfois une colonie, pour le miel ou par idiotie, et qui s'en sortent généralement gonflés par les morsures des sonci, les manti ont aussi affaire à divers prédateurs :
Les individus qui sortent de la colonie sont victimes de tous les insectivores, mais en dehors des groska et des na'urs, les colonies elles-mêmes sont rarement mises en péril par une menace extérieure. Il arrive que certaines maladies, ou bien des catastrophes naturelles type inondation, détruisent des colonies complètes.