Le boskurji est un gros pachyderme placide que l'on rencontre dans les forêts des Plaines d'Astharie. Assez tranquille et indolent, il peut être approché sans grand danger, sauf si des petits vulnérables sont sous la garde d'une femelle.
Il se sert de ses longues cornes et ergots pour gratter les arbres, dont il fait tomber les branchages les moins résistants pour en dévorer feuilles et fruits. Ses bouses sèment donc des plants un peu partout, vu qu'il préfère les branchages un peu craquants aux jeunes pousses. Il est considéré comme le bienfaiteur de la forêt.
Le boskurji adulte n'a pas de prédateur connu, seuls les petits, les vieux et les malades peuvent être occasionnellement chassés par un carnassier opiniâtre, ou en bande.
Les boskurji vivent en troupeaux grégaires, sous le couvert forestier de préférence, mais ils peuvent s'habituer aux espaces ouverts si on prend soin d'eux. Les troupeaux sont généralement constitués de deux ou trois mâles et de nombreuses femelles. C'est généralement une matriarche qui décide des déplacements au sein du territoire, très vaste.
Au moment de la saison de l'accouplement, seuls les mâles de la harde peuvent se reproduire avec les femelles. Si un intrus veut s'imposer, il doit auparavant se battre contre un autre des mâles. Le combat est très peu violent, et se résume à une mise face à face, cornes contre cornes et à une lente mais inexorable poussée. Celui qui est repoussé à force de fatigue est généralement éliminé du groupe des reproducteurs, quoique parfois certaines femelles acceptent néanmoins de s'unir à un perdant qui s'est comporté vaillamment (selon leurs propres critères).
On sait que la saison des amours a commencé car les femelles poussent alors de temps à autre un long cri rauque auquel répondent les mâles. En dehors de cela, seuls les petits émettent des vagissements lorsqu'ils se sentent en danger. Si vous en entendez, mieux vaut ne pas traîner près des jeunes car ils risquent d'attirer à eux une femelle protectrice, voire une matriarche agacée…
Son caractère doux a fait qu'il a souvent été domestiqué et sa possession est une marque de prestige, comme il mange pas mal et demande beaucoup de soins s'il ne peut pas se frotter contre de grands arbres pour se débarrasser des parasites. Il est assez lent et puissant, et sert fréquemment au transport de denrées. Certains voyageurs peu pressés apprécient son pas tranquille qui permet la sieste en selle, les plus fainéants aménageant même une couchette.
Les jours de fête dans les Plaines d'Astharie, on installe sur le dos de boskurji peints de couleurs vives de véritables plateformes ornées d'éléments décoratifs, selon le goût et les fantaisies du propriétaire. Les plus imposants sont considérés comme de vraies stars.
Il a été chassé par le passé, et certains s'y risquent encore parfois. Sa résistance et son endurance en font un gibier difficile à abattre et ses coups de corne sont redoutables. Sa peau est un matériau apprécié pour ses qualités mécaniques et celle des individus sauvages est de meilleure qualité, selon les spécialistes.
Des vestiges antiques ont été découverts avec des décors sculptés qui suggèrent que le boskurji a fait l'objet d'un culte par le passé, ou du moins de représentations artistiques.
Les habitants de culno utilisent souvent le vocable court de “bos” ou “bosse” pour désigner le boskurji. Quelques plaisanteries douteuses sur les “concours de bosses” ont parfois court lors de certaines fêtes : le voyageur avisé ne s'y laissera pas prendre.