Le service du matin tirait à sa fin, et certains ra prenaient leur temps. Après tout, c’était l’hiver, et il n’y avait pas la même urgence à se précipiter dehors pour s’occuper des champs. Sans compter qu’il faisait froid là-haut. Et humide. Et gris. Hein chef. Ces tentatives plus ou moins sérieuses de rester au chaud avaient néanmoins été ignorées par plusieurs chefs d’équipe, qui avaient déjà emmené leurs subordonnés prendre soin des quelques cultures qu’on trouvait encore en cette saison, ou préparer les terres en prévision du printemps à venir. L’équipe de cuisine se préparait donc à entamer l’éternelle et toujours renouvelée corvée de nettoyage dans un brouhaha somme toute raisonnable. Et le volume sonore baisserait encore quand ils attaqueraient la salle de restauration, pensait Kirun en souriant pour elle-même, puisque personne ne semblait désireux de rester à proximité quand elle attrapait un balai. Même quand elle ne s’en servait que sur les poussières, miettes et autres reliefs de repas. Allez comprendre…
Mais elle n’en était encore qu’à décider du sort à réserver aux plats non consommés quand un silence brutal et tout à fait inhabituel s’abattit sur la salle de restauration derrière elle. Elle se retourna pour en identifier la cause et resta, à son tour, tétanisée un instant en découvrant Rin, et surtout la longue robe verte émeraude et la toque noire caractéristiques d’un Grand Juge, en train de passer la porte. Comme son nom l’indiquait, un Grand Juge avait la responsabilité de faire respecter les lois du Khanat. Et il avait aussi les moyens de le faire. Kirun déglutit péniblement en passant en revue ce qu’elle avait bien pu faire pour attirer l’attention de l’un des plus hauts magistrats du Khanat. Elle se reprit cependant bien vite : il n’y avait pas de cas trop mineur pour les Grands Juges, et si la présence de l’un d’eux impliquait une attention accrue du système judiciaire, cela ne signifiait pas pour autant qu’il y avait eu de crime grave contre les lois du Khanat, ni même qu’elle en était l’auteur. Enfin, en théorie. Et elle était raisonnablement certaine de ne pas en avoir été victime non plus.
Le temps que le Grand Juge et les deux autres ra inconnus qui l’accompagnaient traversent la pièce à la suite de Rin, Kirun s’était reprise. Son collègue des expéditions s’arrêta devant elle et la salua brièvement. Il n’avait pas l’air particulièrement inquiet, enfin pas plus que ne le justifiait la présence d’une telle autorité, et Kirun réalisa à retardement que l’intendant ne les avait pas accompagnés. Ça ne lui ressemblait pas. Mais Rin commençait les présentations et la cuisinière n’eut guère le temps de réfléchir à cette bizarrerie.
« Voici Kirun, notre cuisinière en chef. Kirun, je te présente le Grand Juge Wyrebi et ses aides qui viennent d’arriver de Natca. Ils mènent une enquête sur une cargaison que nous avons reçue il y a quelques mois. »
« Merci chef de quai. » Le Grand Juge ne s’exprimait pas tout à fait avec la solennité que la cuisinière aurait associée à ce type de poste, et son remerciement semblait sincère. Quand il tourna son attention vers elle, elle se sentit également entièrement écoutée. C’était à la fois très valorisant… et un peu effrayant quand même.
Il la salua à son tour formellement et Kirun se rappela à retardement les bonnes manières. Plus ou moins. Ce n’était pas comme si elle avait l’habitude de pratiquer le salut formel dans sa cuisine.
« Nous sommes en effet à la recherche d’une cargaison envoyée le pavdei 48 de l’an dernier, en provenance du kagnivo Kilto lo Vrsui, sous la référence V1ND4. D’après leurs registres, et les rôles des transporteurs, cette cargaison était destinée à la cuisine de cette exploitation. »
Des faits, rien que des faits, énoncés d’une voix précise, mais Kirun se sentit soudain sourire malgré elle. Elle profita de la légère pause marquée par son interlocuteur pour appeler, sans se retourner : « Selim ! Tu peux aller me chercher le truc qui n’était pas du cakla, pe’u ? Miciron, donne-lui un coup de main, tu veux ! »
Le Grand Juge pencha la tête et Kirun lui fit signe de la suivre vers la console de kom : « On va vérifier la référence tout de suite, mais le fournisseur et la période correspondent. Et si ce n’est pas ça, alors votre commande a été dévorée depuis longtemps et il n’en reste rien. »
Wyrebi hocha lentement la tête, et la suivit tandis que la cuisinière s’installait et commençait ses recherches. Elle espérait juste que le Juge n’était pas trop pressé, parce que ce genre de manipulations ne faisait pas partie des opérations qu’elle effectuait souvent, et donc avec lesquelles elle se sentait à peu près à l’aise. Pour ne rien arranger, elle avait conscience du regard du Juge par-dessus son épaule, de Rin et d’une bonne partie de son équipe qui suivaient les échanges à distance respectueuse et, un peu en retard, de l’intendant qui arrivait à son tour. Apparemment, il ne l’avait pas abandonnée à son sort mais, plus probablement, le Juge n’avait pas jugé utile de passer par son bureau pour son enquête.
Le kom répondait aussi bien, ou aussi mal, que d’habitude, et Kirun dut se retenir de lâcher quelques grommellements bien sentis à son encontre. Elle finit cependant par retrouver la référence de la commande, et son contenu, à peu près au moment où Selim et Miciron arrivaient avec les pots. La cuisinière s’écarta pour que le Juge puisse vérifier lui-même sur l’écran : « C’est ça. Douze pots de graines de cakla. Sauf qu’au final, on n’en a eu qu’un peu moins de quatre. Le reste, ça ressemblait à du cakla, mais ça n’en était pas. »
De la main, elle indiqua les pots que ses aides déposaient sur une table. Le Juge hocha à nouveau la tête lentement, tandis qu’un de ses assistants se précipitait pour noter tout ce qu’affichait l’écran. Kirun s’écarta pour lui laisser la place. Elle n’avait rien à cacher, et de toute façon, on ne cachait rien à un Grand Juge pendant une de ses enquêtes.
Wyrebi, justement, avait ouvert l’un des pots et plongé la main dedans. Il en ressortit quelques graines, puis il en choisit une qu’il éleva à la lumière pour l’observer sous tous les angles. Il fit de même avec une deuxième, puis une troisième. Finalement, il reposa le tout dans le pot et ramena toute son attention vers la cuisinière : « Qu’est-ce qui vous fait dire que ce n’est pas du cakla ? Pour moi, ça y ressemble énormément. »
Son ton était parfaitement neutre. Impossible de dire s’il la croyait ou pas. Mais, de façon complètement inattendue, la question ramena Kirun au douloureux souvenir de Surle. Il avait guéri après l’attaque dont il avait été victime, et il était parti. Depuis, il n’avait pas donné signe de vie. Ce n’était pas vraiment surprenant en soi, mais son ancienne responsable n’avait aucun moyen de savoir s’il avait échappé à son agresseur. Elle espérait que oui.
Elle se força à ramener son attention au présent et à la question. Elle alla vers le pot que le Juge avait laissé ouvert, et en ressortit une graine qu’elle fit rouler sous sa paume, sur la table. « Vous entendez ? »
Le Juge pencha la tête une nouvelle fois sur le côté, et Kirun se demanda où il avait pris cette manie. Elle allait finir par lui proposer une ficelle pour lui tenir la tête s’il continuait. Mais elle se retint, il y avait des limites à son impudence, et continua de faire rouler la graine tandis que Wyrebi écoutait. Finalement, il releva la tête et la secoua lentement : « Rien de particulier, je le crains. »
Kirun sourit : « Exactement. »
Selim arrivait avec un pot de cakla, sans qu’elle ait eut besoin de le lui demander. Il s’y connaissait en cuisine, lui, et sa cheffe le remercia d’un sourire. Puis elle ouvrit le nouveau pot, et en sortit une graine qu’elle montra au Juge : « Ça, c’est du cakla. » Et elle lui appliqua le même traitement qu’à la précédente. Immédiatement, le bruit caractéristique de crécelle, ou de pluie, se fit entendre dans la cuisine toujours silencieuse.
Kirun fit rouler la graine un temps qu’elle estima à peu près égal à celui qu’elle avait passé pour la première graine, puis elle s’arrêta et la tendit au Juge pour qu’il puisse l’observer. Lentement, celui-ci la fit rouler dans sa main, pour le même résultat, bien qu’un peu plus assourdi. Finalement, il hocha la tête, apparemment satisfait. « Je vois. Ou plutôt, j’entends. Et vous n’avez pas consommé les autres ?
- Sans savoir ce que c’était ? Certainement pas ! J’ai signalé le problème à l’intendant, et on s’est débrouillé avec ce qu’on avait. » A retardement, elle ajouta : « Et on a changé de fournisseur pour les commandes suivantes, aussi.
- Pourquoi ? »
Kirun essaya d’appeler l’intendant à son secours d’un regard, mais il ne semblait pas décidé à s’immiscer dans l’enquête en cours. C’était sans doute sage de sa part, mais ça n’aidait pas beaucoup. La cuisinière se résolut donc à répondre à la question elle-même : « Ses explications n’étaient pas trop convaincantes sur comment le mélange avait pu se produire. Il a essayé d’incriminer le producteur, mais il y avait son sigle sur les pots, donc il y forcément quelqu’un de chez lui qui a manipulé les graines. » Elle haussa les épaules. « Soit il était au courant, soit il n’a pas vérifié correctement.
- N’importe qui devrait donc être capable de reconnaître du cakla ? »
Incapable de se retenir, la cuisinière adressa un sourire espiègle au Juge : « Jusqu’à ce matin, j’aurais dit que oui. » Elle espérait qu’il ne le prendrait pas mal, mais tant pis. « Là, maintenant, je dirais peut-être plutôt que n’importe qui qui utilise ou qui fait commerce de ces graines devrait être capable de les reconnaître.
- Y compris, donc, un cuisinier ?
- Oui. »
Un silence inconfortable s’installa. Le Juge réfléchissait-il ? Attendait-il autre chose ? Kirun était sûre d’elle : un cuisinier digne de ce nom devait connaître le bruit du cakla. Ne serait-ce que pour avoir lâché son mortier de surprise la première fois qu’il en avait écrasé. Pour le fournisseur… en y réfléchissant bien, peut-être qu’il n’employait que des manutentionnaires qui n’y connaissaient rien. Mais dans ce cas, il était en tort quand même s’il ne vérifiait pas la qualité de ce qu’il vendait. Elle n’avait pas l’intention d’en démordre. Mais ça l’aurait aidée de savoir sur quoi, ou sur qui, enquêtait le Juge. Et elle aurait bien aimé aussi savoir ce qu’étaient ces graines, braz !
Le silence durait, durait, et elle sentait son équipe bouger inconfortablement autour d’elle. Elle avait vu Selim ouvrir la bouche et la refermer une ou deux fois, et elle se doutait qu’il se retenait difficilement d’intervenir. L’intendant était égal à lui-même, mais elle l’avait rarement vu autrement en public. Parfois, elle se disait qu’il aurait pu être un automate tant il donnait l’impression de porter un masque impénétrable.
Alors que Selim ouvrait la bouche une nouvelle fois, elle craqua : « Vous cherchez quoi, au fait ? »
C’était une question légitime, de son point de vue. Si le Juge ne voulait pas le lui dire, il le lui ferait savoir. Mais il n’était pas censé s’offusquer si d’autres que lui s’intéressaient à la vérité. Et d’ailleurs, il se contenta de pencher légèrement la tête – encore – et de la regarder droit dans les yeux quand il répondit : « Il y a eu plusieurs cas d’empoisonnement signalés à Natca et dans les Plaines. Le lien n’a pas été fait tout de suite, et certains cas sont sans doute passés inaperçus, mais quelques uns ont quand même conduit à des revifs, y compris dans un cas particulier qui a attiré l’attention de la Police. Après enquête, nous avons fini par découvrir que toutes les victimes avaient consommé du cakla en provenance d’un même fournisseur, et avant ça d’un même producteur. Malheureusement, il ne restait plus aucune graine dans aucun des cas pour analyse, puisqu’elles avaient été consommées. Nous avons donc lancé des recherches pour retrouver d’autres acheteurs potentiels. Certains n’ont pas été du tout incommodés. D’autres se sont souvenus d’avoir été plus ou moins malades à peu près à cette période mais sans faire explicitement le lien. Mais vous êtes la première à identifier explicitement ces graines comme n’étant pas du cakla. »
Kirun encaissa en silence. Elle avait toujours considéré que reconnaître du cakla allait de soi. En tous cas, depuis qu’elle avait fait un bond en arrière en entendant le boucan causé par la poignée de graines qu’elle essayait d’écraser la première fois qu’elle avait eu à faire un nappage. Et son prof avait bien rigolé avant de lui expliquer. Tous ces ra n’y connaissaient donc rien ? Ils n’étaient pas curieux quand ils cuisinaient ?
A sa grande surprise, Cizoim leva timidement la main. Le Juge lui accorda immédiatement toute son attention, ce que l’aide sembla regretter instantanément. Elle se recroquevilla sous son regard, et sa cheffe compatit pour avoir, elle aussi, eu à supporter tout le poids de cette concentration. Quand elle prit la parole, ce fut d’une voix encore plus fluette que d’habitude : « Les graines étaient mélangées avec du vrai cakla. Quand j’ai commencé à les écraser, Kirun a grogné… » Cizoim lança un regard inquiet à sa responsable et se reprit immédiatement : « Je veux dire, elle a dit que je ne faisais pas correctement, et qu’elle l’entendait bien de là où elle était. Mais il y avait quand même un peu de bruit de cakla. C’est comme ça qu’on a compris que quelque chose n’allait pas. »
Kirun hocha la tête en se souvenant de l’épisode. Effectivement, le bruit ne lui avait pas convenu. Et elle avait franchement grogné aussi. Elle s’était excusée auprès de Cizoim ensuite, mais elle avait été tellement occupée à rattraper les dégâts en période de pointe et avec du personnel en moins, qu’elle avait oublié comment tout ça avait commencé.
« Vous voulez dire qu’un cuisinier moins averti aurait pu s’y tromper ? »
Cizoim lança un regard paniqué à sa cheffe, et Kirun prit la réponse à son compte, réfléchissant tout en parlant : « C’est possible, oui. Ou si son mélange était plus riche en cakla. On avait à peu près un quart ou un tiers de bonnes graines, et il a fallu tout trier à la main. Si votre cuisinier n’avait que la moitié de mauvaises graines par exemple, ou si le bruit ne l’a pas assez alerté pour qu’il prenne sur lui de se coltiner le tri, ça se tient. » Elle secoua la tête et pinça les lèvres : « Mais moi, je suis responsable de tous ceux qui mangent ici. Je ne prends pas ce genre de risques. »
Et heureusement que Surle était arrivé pour l’aider, sinon il n’y aurait pas eu du gâteau pour tout le monde.
Wyrebi sembla enregistrer tout ça et le traiter en silence, la tête de nouveau penchée sur le côté. Kirun n’avait jamais vu de runzatra comme celui-ci. Pour un peu, on aurait vraiment dit un automate. Selim était un runzatra, lui aussi, mais beaucoup plus expressif. Est-ce que ça venait du fait d’être Juge ? Ou peut-être Implanté ?
Finalement, le Juge redressa la tête. Il avait apparemment fini de traiter les données :
« Avec votre permission, j’aimerais faire analyser ces graines. Le producteur affirme qu’il a suivi le processus habituel. » Le Juge marqua une infime pause, comme s’il réfléchissait au poids qu’il accordait au témoignage du producteur. « Et le revendeur certifie qu’il n’a fait que reconditionner les graines des gros sacs dans des pots plus petits, mieux adaptés à la vente au détail, sans rien enlever ni ajouter. Nous devons nous assurer que ces graines peuvent bien être à l’origine des empoisonnements. Puis, si c’est confirmé, il nous faudra découvrir qui, ou ce qui est à l’origine de ce problème afin qu’il ne se reproduise pas. »
Il semblait confiant dans sa réussite. Ou dans leur réussite, puisqu’il parlait au pluriel. Ça semblait… logique. Même si Kirun n’aimait pas la logique.
Le Juge semblait attendre quelque chose, et il fallut un instant à la cuisinière pour comprendre quoi.
« Oh ! Pardon ! Oui, bien sûr, vous pouvez les emmener. Elles ne font que m’encombrer pour l’instant. Et surtout maintenant que je sais qu’elles sont toxiques. » Le Juge commença à lever une main, et elle se reprit immédiatement : « Peut-être toxiques. » Elle hésita un instant mais enchaîna quand même : « Quand vous aurez trouvé ce que c’est, si ça ne vous dérange pas, j’aimerais bien le savoir. Curiosité professionnelle, si vous voulez. »
Le Juge sourit, pencha la tête – c’était décidément un tic très agaçant à la longue, mais peut-être était-ce un effet de la Symbiose – et parut réfléchir quelques secondes. Finalement, il releva la tête et la hocha une fois : « Accordé.
- Ki’e. »
Wyrebi fit signe à ses assistants qui s’empressèrent de ramasser les pots de graines inconnues, puis il salua une dernière fois Kirun, Rin, et dans un salut plus vaste toute l’assemblée : « Merci pour votre assistance. Que le Khan vous protège. »
Et sans plus de cérémonie, le trio reprit la direction de la sortie. Rin se précipita pour les raccompagner, sous le regard mi-soulagé mi-médusé de la cuisinière. Ce n’était pas comme ça qu’elle aurait imaginé une rencontre avec un Grand Juge, en tous cas si elle avait imaginé en rencontrer un un jour. Elle aurait supposé plus de décorum, de… de solennité. Enfin, quelque chose, quoi. Pas une discussion de quelques minutes debout dans sa cuisine. Même si, en y repensant, la présence et l’attention du Juge n’avaient fait aucun doute. Voilà un ra qui donnait l’impression d’écouter complètement son interlocuteur. Tout ce qu’il disait. Et peut-être même ce qu’il ne disait pas.
Kirun frissonna, tandis que l’intendant s’éclaircissait la gorge : « Voilà qui était instructif.
- Instructif ?
- À bien des niveaux, oui. En tous cas, je vous remercie de ne pas nous avoir servi ces graines. »
La cuisinière le fusilla du regard et maugréa : « Ne me tentez pas. »
L’intendant lui sourit en retour : « Il ne vous en reste plus. Vous avez tout donné. Et maintenant, nous avons même une chance de connaître le fin mot de l’histoire, en plus.
- J’ai seulement demandé à savoir ce que sont ces fichues graines.
- A moins que je ne me trompe beaucoup, je ne pense pas que Wyrebi se limite à cette information. Les décisions des Juges sont publiques. Il vous fera probablement parvenir le compte-rendu de l’audience. En admettant qu’il ne vous convoque pas en tant qu’expert, si on en vient au procès »
L’idée était loin d’enthousiasmer Kirun. Un procès, c’était toujours des ennuis. Pour les ra impliqués au moins. La société s’en portait peut-être mieux ensuite, mais mieux valait quand même trouver un accord avant d’en venir là.
« Mam’Ucika m’en garde… »
L’intendant sourit à sa ferveur, mais il n’en rajouta pas. A son tour, il salua rapidement les présents et repartit. Dans son sillage, l’activité reprit progressivement son cours habituel, laissant Kirun à moitié soulagée seulement : bien sûr qu’elle avait envie de savoir ce qu’étaient ces graines. Mais un Grand Juge, quand même…