Culture et Langues

Le Khanat est, dans sa structure, un empire. Cela veut dire que ses instances dirigeantes et la culture dominante considèrent que le Khanat est la meilleure chose possible, et ne peuvent concevoir “l'autre” que comme étant quelque chose à assimiler.

Reprenons ce qui était dit dans le chapitre sur le Rêve : Tout ce qui est “réel” fait donc forcément partie du Khanat. Et tout ce qui est en dehors du Khanat a une existence douteuse. Un dicton déclare “Si tu peux y aller depuis Natca, alors c'est le Khanat, peu importe le temps que tu mets”.

Le discours officiel sera celui-ci. Toujours. Et quiconque tient un discours différent risque de s'attirer des ennuis, que ce soit de la part des institutions ou du “peuple”.

La réalité du terrain sera cependant légèrement divergente. Si les ra partagent une culture commune, relayée par les jbovelcli¹⁾, chaque groupe développe aussi une culture divergente, propre à des lieux, des pratiques, et parfois l'impossibilité de contacter le centre du pouvoir durant un long moment. Il arrive aussi que des ra n'apprécient pas ce qu'impose le Khanat, et souhaitent un autre ordre²⁾.

Les instances dirigeantes du Khant gèrent cela au cas par cas. Si les ra sont allégeantes aux principes fondamentaux du Khanat, elles peuvent exprimer par ailleurs la diversité de leurs cultures. Si elles remettent en cause ces principes fondamentaux, elles sont traitées en hérétiques et criminelles et elles seront impitoyablement traquées et rectifiées.

Le gouvernement du Khanat est cependant ouvert aux propositions d'évolution de la société, tant que cela se fait dans les règles. Chacune peut finalement mener la vie qu'elle souhaite. La pauvreté est rarissime, la misère inconcevable, la sécurité assurée dans les endroits à forte densité de population, l'expression individuelle appréciée et encouragée. Ce confort de vie fait que la plupart des ra n'ont aucun intérêt à remettre en cause l'ordre établi.

• Le Khan est l'être ultime, le respect qu'on doit lui témoigner doit être immense. Rien de ce qu'il dit ne peut être remis en cause (mais on peut remettre en cause les messagères, qui ont peut-être déformé sa parole). On peut concevoir le Khan comme un Dieu vivant, mais c'est au delà de ça pour la plupart des ra (qui ne sont de toute façon pas très théistes) : le Khan est un concept en soi, une valeur morale impossible à remettre en question.
• Les seules frontières envisageables du Khanat sont celles du passage à un monde non-physique (Brumes, Monde du Rêve). Peu importe l'avis des populations découvertes après le reflux de Brumes. Cette unité géographique empêche l'apparition des notions de patrie, nation, etc.
• Les lois édictés par le Khan priment sur toute autres lois locales. Il est possible de proposer des changements dans les lois à la Cour, mais il faudra que le Khan arbitre pour que le corpus primaire varie.

Le voyage dans l'espace n'est pas vraiment concevable pour les ra. L'univers s'arrêtant à ce qu'on peut rejoindre à pied, les véhicules aériens sont conçus uniquement pour rejoindre plus vite ou plus confortablement ces destinations possibles. L'idée de marcher sur les lunes paraîtra absurde aux gens : pourquoi faire ?

Le rapport aux principes fondamentaux relève de la sphère sacrée et le terme d'hérétique conviendra mieux que celui de “rebelle” pour qualifier les ra refusant ces principes fondamentaux.

Suivant la gravité de leur hérésie, la réponse sera proportionnée.

Les ra qui se posent des questions seront invités à se rendre à l'InfrA, l'université où la culture khanatienne est transmise voire martelée, ou à discuter avec les jbovelcli. Le but est de donner des réponses qui vont encourager une certaine vision du monde. Pour les plus réfractaires, cela peut aller jusqu'à une logique de conversion par l'argumentation.

Les personnes qui disséminent un discours hérétique seront recherchées et dans un premier temps, les jbovelci utiliseront toutes les occasions possibles pour convertir ces personnes par le discours, tout en atténuant l'effet de leurs pamphlets sur la population. Si la conversation ne donne rien, la Police des Rêves commencera à intervenir.

La Police des Rêves est l'organe de propagande du gouvernement. Leur objectif est de traquer les hérésies et éviter que quiconque porte atteinte au Rêve Commun. Elles interviennent à divers niveaux. Elles ont la possibilité de modifier les souvenirs des ra et même d'en effacer. Si elles commencent généralement de façon “gentille” en propageant des histoires spécifiquement destinées à décrédibiliser les fauteurs de troubles, semer le doute sur leurs discours et encourager les croyances qui leur semble utiles, elles n'hésiteront pas à intervenir dans l'esprit des ra, non seulement ceux des fauteuses de troubles, mais aussi de toutes les personnes qui les ont côtoyés.

Ce sont les seules qui sont autorisées à complètement Effacer une ra de la réalité du Khanat. Un Effacement consiste à vider entièrement la mémoire et la personnalité de la personne en question, à supprimer son corps (sans esprit, le revif rapide est très compromis), puis à effacer aussi la personne de la mémoire de toutes les personnes qui l'ont connu, et enfin à supprimer toute trace de son passage sur le Khanat : écrits, citations, etc. Parfois, certaines personnes sont difficiles à Effacer en les supprimant, l'histoire est alors réécrite pour transformer leur passage ; leurs accomplissements seront créditées à d'autres personnes, par exemple.

Parfois, les troubles ne concernent pas juste une personne, mais un groupe. Dans ce cas, c'est souvent la Légion qui intervient, isolant les fauteurs de troubles du reste de la population et les confinant dans la mythique Prison. Il s'agit d'un lieu dont l'emplacement exact n'est connu que de ses gérantes et dont il est impossible de s'échapper, même en mourant : le revif se fait automatiquement sur place. La Prison elle-même est gérée par la Police des Rêves, qui prends alors son temps pour interroger et rectifier tous les hérétiques. Certaines personnes seront libérées après être rentrées dans le droit chemin, afin de porter la bonne parole au reste du monde, mais d'autres disparaîtront à jamais.