Écrire des histoires, c’est bien. Mais c’est encore mieux quand ces histoires vont plaire aux gens, qu’ils vont les reprendre, les faire partager, bref les faire vivre en leur donnant de l’importance.
Une histoire s’écrit comme elle vient, mais à la relecture, on peut utiliser quelques trucs et astuces pour la rendre meilleure. Quelques-unes de ces astuces très basiques sont présentées ici.
Ce tutoriel n’est qu’un point de vue. Enrichissez-le, développez, reprenez !
En brouillon, je note des choses qu’on a dit ici et là. Complétez si vous vous souvenez d’une “ficelle” utile.
C’est difficile d’avoir de l’empathie pour des personnages qui sont “trop”.
Trop fort, trop beau, trop intelligent, trop tout… Mais surtout sans rien pour les ramener vers une moyenne plus humaine. Un personnage peut très bien avoir une caractéristique (ou même quelques-unes) qui en fait un être hors du commun, mais il doit aussi avoir des défauts pour commencer. Et même là où il brille, il doit lui arriver d’échouer. Même si c’est très temporaire, même si c’est pour mieux briller ensuite.
Vos lecteurs sont humains, donc imparfaits (pour la plupart !) et ils ont envie de personnages pour qui ils peuvent avoir de la sympathie, avec qui ils puissent s’identifier, même de loin. Plus vos personnages sont inhumains (que ce soit des “bons” ou des “méchants”), plus leur sort va les désintéresser.
Même un méchant trop fort est finalement lassant : certes, on est content quand le héros s’en débarrasse enfin, mais il s’agit plus du soulagement qu’on éprouve à la fin d’une situation lassante que de la vraie catharsis de voir le “bien” triompher (ou la saveur douce-amère de se demander si l’opposition était si nette que ça).
C’est aussi valable pour vos scènes. Si vous ne voulez pas briser la “suspension d’incrédulité” de vos lecteurs, restez cohérents, dans un certain réalisme, sans trop en faire. Un réalisme propre au monde, certes, donc il peut y avoir de la magie, des choses très improbables, mais d’une façon qui soit acceptable. Esquiver toutes les balles, sauver tout le monde, survivre à l’explosion d’une maison, et le tout sans avoir fait bouger sa permanente… On n’y croit pas.
Ne sombrez pas pour autant dans l’effet inverse.
Un personnage qui n’arrive jamais à rien, mais vraiment rien, qui va toujours de mal en pis, ou quand même des actions anodines se transforment en échec… ça lasse aussi. Ça peut être intéressant à petite dose, mais sachez renverser la situation de temps à autre, montrer que cette personne a aussi des qualités. Une victime perpétuelle va paradoxalement donner envie aux lecteurs de lui coller une bonne claque “pour la secouer”. Certes, ça peut aussi être le but recherché !
On trouve souvent dans un récit des archétypes. Le meilleur ami du flic qui se fait descendre, l’orphelin dont le village a été massacré par les méchants de l’histoire, la femme fatale qui va se faire enlever (ou se révéler être la traitresse), le soldat bourru, le gros costaud un peu idiot…
En fait, tout personnage peut se révéler à un moment ou un autre “archétypé”. Toute scène risque d’avoir été déjà racontée mille fois.
Et ce n’est pas si grave.
Tout dépend de la volonté derrière votre récit. Un archétype bien utilisé fait que les lecteurs sont en terrain connu et seront satisfaits que ça suive les rails. Un archétype bien détourné va surprendre les lecteurs, et leur faire vivre l’aventure autrement (et si le gros costaud était en fait un génie par moment ? Et si l’orphelin décidait de bosser pour le méchant ? Etc.). Enfin, prendre le contre-pied complet d’un archétype peut aussi créer une excellente histoire.
Ces clichés et archétypes sont inévitables dans une histoire, et plus l’histoire est longue, plus on va les voir. Un bon raconteur d’histoire apprend à les repérer et à s’en servir pour que son auditoire se fasse transporter sans jamais rien voir.
Donc : si vous êtes adeptes d’écrire des histoires sur des barbares à demi nus et à moitié muets, continuez. Si vous préférez sortir du cadre à chaque fois que possible, continuez. Mais sachez reconnaître ces archétypes, pour mieux jouer avec.
Cette astuce-là concerne particulièrement la création d’histoire dans un contexte de licence libre et d’interprétation dans un monde. C’est bien sûr aussi valable quand on écrit seul dans son coin, mais ici cela se fait plus vite ressentir.
Ici, vous n’êtes pas seul dans votre coin à faire le démiurge, il y a des tas d’autres démiurges à côté qui créent aussi. Ce polythéisme peut être à la source de richesse, plutôt que de bagarres. Quelqu’un raconte l’histoire d’une façon… mais comment les autres personnages l’ont vu ? Que dirait de l’affaire un historien quelques siècles plus tard ?
Une fois votre histoire écrite, essayez de la regarder d’un nouvel œil, de vous demander comment les autres personnages dans votre histoire ont vu ça. Cela va peut-être permettre d’enrichir l’histoire, de lui donner de la profondeur sur certains aspects, d’en préciser d’autres. Peut-être aussi que certains aspects vont être gommés, afin de laisser le lecteur inventer, chercher à combler les trous… bref, inventer une autre histoire.
L’exemple parfait de cette “ficelle”, ce sont les Mille et une Nuits. Chaque conte suscite des interrogations. Qu’est devenu le marchand ? Pourquoi la femme du sultan connaît de la magie ? Où va le génie ? Ce qui fait que nuit après nuit, Shéhérazade raconte une nouvelle histoire, pour répondre à certaines questions, éclaircir peut-être un point… tout en créant la matière à d’autres histoires.
Une histoire n’est jamais vraiment simple. Soyez conscient qu’il y a toujours plus que ce qui est dit, laissez du mystère, et laissez les autres s’emparer de ce mystère et tenter de le sonder.
Une bonne histoire est une histoire cohérente. Et pour être cohérent, il faut maîtriser le sujet dont on parle.
Vous n'êtes pas obligé d'être un expert en Khanat pour écrire sur le monde de Khanat, mais si vous parlez de Salargug, allez vérifier à quoi ça ressemble, avant de dire une bêtise. Lorsque vous avancez une information, vérifier s'il y a d'autres textes qui en parlent.
Cela peut tout aussi bien concerner des informations propre au monde (la distance entre Natca et Hoslet et la vitesse d'un branaz de course par exemple) que des informations plus générales : les métiers de la forge sont censés être similaire entre la Terre et Khanat, et du coup aller voir Wikipédia sur le sujet peut éviter de dire trop de bêtises.
Si vous avez dit une grosse bêtise et qu'on vous le fait remarquer, soyez prêt à corriger. Ou bien à argumenter pour montrer qu'en fait, votre vision de la chose est cohérente. Mais sachez qu'un expert dans un domaine qui voit une incohérence dans le domaine en question dans votre histoire aura beaucoup de mal à accrocher avec le reste.
C’est une astuce purement technique, qui permet de repérer les phrases qui ne vont pas, quand le rythme s’essouffle, lorsqu’un mot est mal placé ou simplement se répète trop. Une fois votre texte écrit, lisez-le à voix haute, comme si vous aviez un auditoire. Vous allez entendre une bonne partie des faiblesses. Attention, le lire dans sa tête ne marche pas aussi bien !
Même si vous êtes nul en orthographe, écrivez. C’est à force de lire et d’écrire que votre niveau de langue a une chance de s’améliorer. Si vos histoires sont bonnes, même pleines de fautes, elles seront lues.
Cependant, par correction envers vos lecteurs, utilisez au moins le correcteur automatique de votre traitement de texte. Il y a aussi des correcteurs gratuits en ligne, comme Bon Patron, qui sont assez efficaces.
Faites aussi relire à des amis. Ou mieux, si vous publiez sur la Mediateki, signalez que vous acceptez les corrections sur le français : c’est un wiki, donc pleins de gens pourront aider.