Bien que les logiciels présentés soient sans doute aussi disponibles sous Windows et Mac, il est probable que leur interface soit différente. Une partie des techniques décrites ici peuvent aussi s'appliquer sur divers logiciels.
Raisons du choix des logiciels présentés :
Pour avoir une superbe vidéo (ou au moins une vidéo pas trop vilaine), il faut savoir ce que vous voulez obtenir au final. Donc, avant de lancer l'enregistrement, repérez le terrain, trouvez le bon angle, notez ce que vous voulez montrer, cela simplifie le montage par la suite.
Dans le cas d'une vidéo tutoriel par exemple, assurez vous de savoir ce que vous voulez montrer, que tout soit bien configuré. Vos spectateurs veulent des infos, pas vous voir hésiter…
Dans le cas d'une vidéo de démonstration (d'une fonctionnalité, d'un jeu), montrez en étant aussi “efficace” que possible, encore une fois ne montrez pas vos hésitations, vos ratages. Tous ces loupés peuvent (et doivent) se couper au montage, mais la vidéo elle-même sera bien plus fluide si chaque prise est bonne.
Répétez, encore et encore, les gestes à faire ; répétez les prises de vue, jusqu'à obtenir des séquences qui sont agréables à regarder.
Et si vous travaillez avec des acteurs : pareil ! Répétez la même scène jusqu'à ce que ce soit fluide, repérez où poser votre caméra, tout ce qui pourra poser souci lors du visionnage. Ce travail en amont est long, mais nécessaire.
Pour manipuler une vidéo… il faut avoir un fichier vidéo. La source de la vidéo peut être variée : caméra, récupération sur le net ; ici est abordé la capture de ce qui se passe sur votre écran d'ordinateur.
SimpleScreenRecorder est un logiciel simple, mais complet, qui permet de créer une vidéo à partir de ce qui se passe sur son bureau.
Installez-le et lancez-le. Une première fenêtre apparait, avec un texte en anglais qui peut se traduire par :
Malgré son nom, ce programme a beaucoup d'options. Cependant, ne vous inquiétez pas , il y a seulement deux choses à vraiment savoir. Premièrement, les paramètres par défaut sont généralement les bons. Si vous ne savez pas ce que quelque chose fait, il suffit d'utiliser la valeur par défaut. Deuxièmement, presque tous les paramètres ont des infobulles. Il suffit de passer la souris sur quelque chose pour savoir ce qu'il fait.
Cliquez sur continue
(cette fenêtre d'accueil réapparait à chaque lancement).
Sur la fenêtre suivante, commencez par sélectionner la zone que vous allez capturer. Vous pouvez enregistrer le bureau entier (entire screen) ce qui est rarement utile. Sinon :
Select windows
puis sur la fenêtre que vous allez capturer (par exemple dans le cas d'un jeu)Select rectangle
puis faites glissez votre curseur pour sélectionner une zone de votre bureau. Cela permet d'éviter de capturer des zones inutiles (les décorations de fenêtre par exemple). Vous pouvez ensuite ajuster la selection au pixel près en modifiant les valeurs left, top, width, height (gauche, haut, largeur, hauteur). Ajustez le paramètre “frame rate” suivant la qualité de la vidéo que vous souhaitez obtenir. En dessous de 24 images par seconde, des petits décalages peuvent se ressentir. Une valeur entre 24 et 30 est très bien, en principe. Plus vous augmentez le nombre de “frame”, plus votre ordinateur aura besoin de ressources.
Suivant ce que vous souhaitez capturer, cochez ou décochez Record cursor
(enregistrer la souris). S'il est décoché, la souris n'apparaitra pas sur la vidéo.
Vous pouvez aussi enregistrer ou non l'audio en même temps. Il est souvent préférable de travailler l'audio par la suite, en particulier sur les tutoriaux : une fois que votre séquence vidéo est montée, commentez-la avec un texte bien préparé et une diction exemplaire.
Cliquez sur continue
.
Sur la fenêtre suivante, en face de Save as
, sélectionnez le dossier et le nom que vous allez donner à votre vidéo. Choisissez un format d'enregistrement ou laissez par défaut ; de toute façon ce sera modifié lors du montage de la vidéo.
Cliquez sur continue
.
On arrive aux choses sérieuses ! En cochant Enable recording hotkey
puis en paramétrant le choix des touches, vous aurez un raccourci clavier pour lancer et stopper l'enregistrement. La configuration de base propose Ctrl+r
mais vous pouvez le changer. Sinon, vous pouvez à la souris cliquer sur Start recording
, qui se transforme en Pause recording
tant que l'enregistrement tourne. Vous pouvez ainsi faire votre capture avec des pauses.
Une fois que vous avez fini, cliquez en bas sur Save recording
qui va exporter votre vidéo. Puis cliquez dans la fenêtre suivante sur Back to the start screen
pour revenir au début, ou bien quittez l'application en fermant la fenêtre.
Avidemux est un très bon logiciel pour “bidouiller” le format brut d'une vidéo. Il a l'air assez puissant au niveau de ses possibilités mais là, on va se concentrer sur deux “bidouilles” : recadrer la vidéo (si par malheur on a mal configuré le rectangle de capture à l'étape précédente) et découper la vidéo pour ne garder que les séquences qu'on veut vraiment montrer. On peut aussi découper la vidéo à l'étape suivante, mais c'est plus propre d'avoir directement les bons fichiers et puisqu'on est là, autant en profiter !
Sous Archlinux, installez avidemux-qt ou avidemux-gtk, suivant votre environnement de bureau (le paquet avidemux-cli, malgré son nom, n'est pas l'interface graphique…).
Lancez Avidemux, puis faites Fichier>ouvrir
et sélectionner votre vidéo. Suivant vos choix à l'étape précédente, vous aurez peut-être droit à un message d'avertissement concernant un codec (“H.264 détecté”). Dans le doute, dites “oui”.
Un aperçu de votre vidéo est chargé. Dans le menu déroulant sous “Vidéo”, sélectionnez un format vidéo. Si vous envisagez de mettre cette vidéo sur internet, “MPEG-4 ASP (mpeg4)” semble un choix acceptable.
Si vous avez des connaissances sur les choix des divers formats vidéos, mettez ce tutoriel à jour !
Cliquez ensuite sur Filtres
. Une nouvelle fenêtre apparait. Choisissez Transformation
Puis Crop
et cliquez sur le petit bouton “Plus” en vert au bas de la colonne.
En modifiant les valeurs “gauche, droite, haut, bas”, une barre vert fluo va apparaître, montrant ce qui va être coupé. Une fois que vous avez choisi, cliquez sur “Ok”.
De retour dans le fenêtre des Filtres vidéos, profitez-en pour sélectionner Transformation>Resize
, cliquez sur le bouton “Plus”, et sélectionnez “Round the Nearest Multiple of 16” ; cela évitera d'avoir des bandes noires par la suite, ou des problèmes de lecture sur certains logiciels.
Vous pouvez fermer la fenêtre des filtres.
Paramétrez la partie Audio (même s'il n'y a rien, c'est mieux), puis le format de sortie (avi, mkv…).
Pour découper la bonne séquence dans votre vidéo, servez vous des boutons de lecture ou déplacez le curseur sur la ligne, puis sélectionnez le début de la séquence en appuyant sur le bouton A
et la fin avec le bouton B
.
Faites Fichier>Enregistrer>Enregistrer une vidéo
, donnez-lui un nom (évitez d'écraser votre fichier source) et exportez.
Pour faire le montage proprement dit, le logiciel Openshot est plutôt accessible pour les débutants, tout en permettant de faire beaucoup de choses. Deux autres logiciels font parler d'eux : Pitivi (que je n'ai pas pu tester, je n'ai pas réussi à importer ma vidéo de base…) et Kdenlive (malheureusement lié à trop de dépendances KDE, vraiment trop !).
Bon, hop, on installe et lance Openshot Video Editor et c'est parti.
Pour pouvoir retravailler par la suite sur le projet, il faut créer un nouveau projet, avec un dossier dans lequel on mettra toutes les ressources. Attention, visiblement les chemins sont indiqués en absolu, donc si on déplace ce dossier, le projet devient inexploitable !
Fichier>nouveau projet
pour créer le projet ; donnez lui un nom puis sélectionnez un dossier rien que pour lui. Pour le profil du projet : pas la moindre idée de ce qui compte, naviguez un peu dans les options, la hauteur/largeur, images par seconde et autres infos utiles sont indiquées dessous.
Voilà l'espace de travail :
Faites glisser une de vos séquences vidéos sur la “piste 1”. Pour ajouter un titre à votre vidéo, ou de façon générale pour ajouter toute annotation, dessin, etc, il faut ajouter une image sur la piste 2, puis gérer son positionnement et sa durée. On peut faire apparaitre/disparaitre cette image avec des effets de transition.
S'il s'agit juste d'un titre, sélectionnez le menu Titre>Nouveau Titre
. Il est aussi possible d'intégrer un titre animé, mais attention, ces derniers sont créé par blender et ça peut consommer beaucoup de ressources ! Des exemples basiques vous sont proposés, dans les deux cas.
Sur un titre non animé, vous avez aussi l'option “Utiliser l'éditeur avancé”, ce qui va ouvrir… Inkscape. Donc, en fait, vous pouvez créer vos images avec toutes les possibilités de ce logiciel vectoriel. Ceci dit, pour que ce soit bien intégré dans les vidéos, il faut aussi que l'image finale soit de la dimension d'une feuille A4 en format paysage ; donc il peut être pratique d'exporter au format PNG, de découper là où ça dépasse, puis d'intégrer cette image-là au projet.
Voilà l'astuce essentielle : si vous voulez ajouter une information sur votre vidéo, comme entourer une zone avec un gros cercle rouge, mettre une énorme flèche, rajouter un nom au dessus de la tête des gens, ça passe par une image qui s'incruste au dessus de la vidéo.
Cette image, en faisant un clic droit dessus, puis propriétés
, vous pouvez lui appliquer divers effets. Entre autre gérer sa durée, le temps qu'elle va rester à l'écran (onglet durée, changez l'option sortie
pour la faire durer plus ou moins longtemps).
L'onglet Agencement permet de déplacer l'image et de la redimensionner au besoin. Si vous souhaitez que votre image reste statique, assurez vous d'avoir les mêmes valeurs pour “début” et “fin” de la séquence ; sinon votre image va aller de la position de début à la position de fin durant le temps qui lui est imparti.
Enfin le dernier onglet vraiment important est celui de “Vidéo”. Il permet d'aligner l'image/la vidéo mais surtout de faire un fondu plus ou moins long à l'ouverture et à la fermeture de cette séquence. C'est un effet basique et pratique.
Toutes ces manipulations sont valables pour les images comme pour les vidéos et le son.
On peut aussi mettre des effets plus animés via l'onglet “Transition” (au dessus de la Zone 1).
Ces transitions paramètrent la façon dont les deux pistes interagissent sur une séquence donnée. Sélectionnez une transition et faites-la glisser sur votre titre ; si vous placez au début, elle va automatiquement s'adapter à la séquence la plus courte des deux et faire la même durée. Sinon, vous pouvez aussi régler sa durée en faisant un clic droit dessus puis Propriétés
. Vous pouvez aussi régler la “direction” de la transition : est-ce que c'est l'image de la piste 2 qui va progressivement se dissoudre pour que seule la vidéo de la piste 1 soit visible, ou au contraire est-ce que progressivement l'image de la piste 2 va se révéler ? Faites des tests et voyez ce qui vous plait le plus !
Petit conseil pour les débutants : la sobriété passe mieux que l'exubérance quand on ne maitrise pas parfaitement son sujet. Des titres de couleur unies, dans des polices sobres, sans effet bizarre, permettent un résultat plus “pro”. Bien sûr, on peut craquer et exploiter les titres aux couleurs de l'arc-en-ciel avec tourbillon et clignotement, mais le résultat risque d'être d'un goût plus que douteux, à moins d'avoir beaucoup de génie et/ou de pratique.
Le son dans une vidéo est essentiel. Il demande aussi d'être bien dosé. Si vous parlez, évitez de mettre en plus une musique en fond, qui risque de distraire. Si vous n'avez rien à dire, trouvez une musique sous licence libre (sans restriction de modification, donc sans la clause “ND”). Gérez le son pour qu'il ne soit ni trop fort, ni trop peu ; qu'il n'y ait pas de crachottis, d'effets larsen et autres bruits désagréables. Osez aussi piocher dans les banques de sons libres.
Placez le son sur une piste à part ; plusieurs pistes si vous intégrez des bruitages. Vous pouvez gérer un effet de fondu au début et à la fin, comme pour les vidéos, qui montera et baissera progressivement le son. Essayez de trouver des bandes sons qui accompagnent vos vidéos en s'arrêtant au bon moment (quitte à couper un peu vos vidéos ou la bande-son).
Ne mettez pas en ligne une vidéo sans aucun son : c'est triste, c'est du multimédia, vous perdez une grande partie de l'impact des images sans son pour les soutenir !
Pour trouver des musiques, cherchez les bonnes licences sur Jamendo par exemple ; allez aussi voir la section "Son" du Wikhan.
Une fois que la vidéo vous semble bien, exportez-la en cliquant sur le petit bouton rouge en haut ; ou bien Fichier>Exporter la vidéo
. Donnez un nom à ce premier export, et paramétrer les diverses options. L'onglet simple
vous aide à trouver les meilleurs réglages suivant la destination de votre vidéo, comme par exemple internet. Mettez une qualité “Élevée” même à destination du web, car la plupart des sites diffusant des vidéos gèrent eux-même la qualité suivant le débit des spectateurs, mais pour cela ils doivent pouvoir partir de la meilleure qualité possible.
Cliquez sur “Exporter la vidéo” et suivant sa taille, allez boire un thé, votre ordinateur va mouliner un peu !
Une fois la vidéo créé, le mieux est de la partager et de permettre au reste du monde de la voir. Mais cela pose des problèmes éthiques, bien plus que technique.
Une vidéo a intérêt à être facilement accessible pour tous, afin d'être vu par le plus grand nombre. Les grosses plate-formes comme Youtube, Dailymotion, Vimeo, etc. permettent de toucher bien plus de monde que si votre vidéo est uniquement hébergée sur votre propre serveur. Ces plate-formes sont des réseaux sociaux, qui permettent une certaine visibilité ; d'ailleurs, pour une visibilité maximum, il faudrait poster chaque vidéo sur chacun de ces réseaux (cela permet de toucher le maximum d'internautes, la plupart préférant une plate-forme à l'autre). Elles ont aussi l'énorme avantage de parfaitement gérer le côté technique : vos vidéos sont donc accessibles tout le temps, dans diverses définitions. Ces plate-formes proposent divers outils pour vous permettre de mieux référencer vos vidéos, de les organiser, voir même dans certains cas de les monétiser. Enfin, leur utilisation est relativement simple, tant pour le créateur que pour le spectateur.
Malheureusement :
Je n'ai pas trouvé d'alternative libre viable ; des projets comme MediaGoblin sont encore trop experimentales pour pouvoir concurrencer les fonctionnalités des grosses plate-formes.
Youtube, détenu par Google, est leader sur le marché et c'est souvent le premier endroit où on va. L'attrait de “faire le buzz” et bénéficier du plan de rémunération de ce géant fait aussi partie de l'intérêt mais… C'est vendre son âme au diable sans grand espoir de toucher la récompense. Youtube ne manque pas de défauts quand on commence à regarder de plus près : les internautes chez Free sont bloquées pour voir les vidéos dans de bonnes conditions (ça fait du monde), les actions de chaque visiteurs sont analysés par l’algorithme de Google et servent non seulement à alimenter des statistiques à destination des marchands en tout genre, mais aussi à dresser un véritable portrait robot individuel, soit disant pour votre bien (vous proposez de rester dans la même bulle, en vous suggérant ce que vous avez déjà vu plutôt que des nouveautés) mais dont les applications font froids dans le dos. De plus, Google ne vous permettra pas de poster des vidéos sans avoir votre numéro de téléphone, et donc votre nom, prénom, état-civil, bref tout ce qu'il faut pour savoir exactement comment vous vendre ses produits par la suite ; ou revendre ça au premier gouvernement totalitaire qui le demandera. Pour votre bien et votre sécurité, bien sûr.
Google est tentant, très tentant, parce qu'il sait exactement ce qui fait plaisir… Mais finalement ce n'est pas le meilleur choix possible.
Pour les autres plate-formes, il y a souvent un problème de localisation. L'intérêt de faire partie d'un “réseau social”, même vidéo, est de pouvoir découvrir des contenus similaires, et faire découvrir son propre contenu de la même façon ; la langue utilisée dans les vidéos est rapidement une donnée importante. Ce ne sera pas le cas dans les vidéos musicales ou sans voix, pour les autres, être une petite vidéo française perdue au milieu d'un flot de données anglaises condamne à l'oubli.
C'est ainsi que j'ai fini par ouvrir un compte sur DailyMotion pour Khaganat, afin de mettre notre première vidéo. Cette plate-forme est, malgré son nom, française et cible donc aussi selon des critères linguistiques. Ce n'est pas meilleur que Google sur beaucoup de point mais :
Il y a sans doute d'autres alternatives viables ; peut-être même des modèles libres à soutenir. Complétez cet article avec vos connaissances et faites-nous découvrir un monde meilleur !