Ce titre est là pour faire sourire. Les concepts évoqués dans cet article ont d'autres noms, bien plus sérieux1).
La communication est essentielle dans un groupe pour avancer ensemble, d'autant plus dans un groupe qui recherche le consensus et le respect de chacun, comme c'est le cas dans Khaganat. Il y a des façons de communiquer, certaines efficaces, d'autres destructrices, d'autres menant sans cesse au surplace. Voici les premières règles à essayer de suivre chaque fois que possible.
C'est une gymnastique étrange, qui semble ridicule et qui pourtant est essentielle. Cesser de parler de l'autre, pour parler de soi, a des effets considérables à la fois dans la résolution des conflits, mais aussi pour les prévenir. Mieux que ça, on entre dans une communication qui est rapidement plus valorisante… ce qui a des tas d'effets positifs, pour soi comme pour les autres.
À comparer :
Le fond du discours ne change pas trop : ce que fait l'autre ne vous plaît pas. Ce qui change c'est la façon de le dire. Enlever les mots à connotations négatives est un premier pas, mais ça ne suffit jamais. Par contre, passer d'un jugement de valeur sur ce que fait l'autre, à l'expression d'un ressenti personnel qui n'engage que soi, voilà qui change tout. Le discours n'est plus perçu comme “tu es nul” mais “je n'aime pas”.
Exprimons notre sentiment, pas notre jugement. Utiliser “je, moi, mon, mes”, bannir “Tu, toi, tes, ton”, cela change tout.
Ce n'est pas nécessaire tout le temps, mais ça le devient dès qu'on a une critique à formuler (même constructive) ; quand on sent une gêne dans la relation; quand le conflit approche ou qu'il est déjà là.
Lors d'un conflit, appliquer cette règle strictement donne des résultats assez impressionnant et oublier une fois un “tu” peut suffire à tout mettre en l'air.
Pour plus de détails sur la résolution de conflits ouverts voir l'article sur la question. Mais ce qui est le plus important est de les prévenir, et c'est ce dont il est question ici.
“Je” ne suffit pas : il doit exprimer ce que “je” vis.
C'est un gros mot dans notre civilisation, un concept souvent associé à de la faiblesse, et pourtant c'est la base de toute communication (et le fait de les reconnaître devient la base d'une communication saine) : les émotions.
Nous pouvons parler d'un point de vue très factuel, basé sur nos perceptions sensorielles : “j'ai vu ceci, j'ai fait cela”.
Mais la plupart de ces faits se colorent avec nos émotions et nos pensées. Les “pensées”, c'est la logique, les jugements, notre éducation, nos préjugés. Les émotions, c'est ce qui fait qu'on aime ou non, qu'on se sent touché, fatigué, enthousiasmé… Les deux sont très liés, mais dans le cadre d'une communication saine, l'une des questions importantes à se poser est “Qu'est-ce que je ressens ?”. Aussi souvent que possible, et particulièrement en cas de conflit.
Ensuite, il faut nommer ces émotions, ces ressentis, et les transmettre. C'est là que le “je” prends son sens.
Certaines de ces émotions sont réactionnelles (en réaction à un fait qui se produit) ; dans ce cas plus l'émotion est forte, plus il est important de la verbaliser. D'autres nous accompagnent au long de la journée, libre à vous de les partager ou non ; vos amis sauront vite si ça va ou pas, s'ils vous connaissent, mais n'oubliez pas qu'ils ne sont pas télépathes et si vous ne dites pas que c'est “pas le jour”, ils ne devineront peut-être pas !
Imaginez la relation comme un canal entre deux personnes, une écharpe dont chacun tiens un bout. Dans ce canal, beaucoup de choses peuvent circuler, certaines positives, d'autres destructives.
Chacun est responsable, à son bout du canal, de ce qu'il envoie et de la façon dont il reçoit ce qui lui est envoyé. Imaginez deux personnes qui jouent à se renvoyer un ballon : si l'un lance la balle n'importe comment, l'autre aura du mal à la rattraper. Mais même si la balle est bien lancée, si l'autre n'est pas réveillé, il peut ne pas la rattraper.
C'est un point important à garder en tête : nous sommes uniquement responsable de NOTRE bout de la relation.
Ainsi :
Va falloir des images, c'est mieux.
Chacun a le droit d'avoir un avis. Personne ne peut l'imposer aux autres. Cet avis sera cependant plus facilement pris en compte en suivant la règle énoncée au-dessus, plus quelques autres choses :
Avant de faire une critique ou de dire non, prendre le temps d'analyser “pourquoi”. Et trouver au minimum deux choses positives dans la proposition ou le travail de l'autre. Ne serait-ce que reconnaître le travail qu'il a fait…
La première chose à faire est de dire une première chose positive. Même mineure !
Ensuite, s'il faut dire tout ce qui ne va pas, d'accord, mais il faut proposer en même temps des pistes pour améliorer ça. C'est ça être constructif : aider l'autre à construire.
Durant toute une conversation de ce genre, il est vraiment important de rester de son côté de la relation : ne pas juger l'autre, uniquement exprimer ce qu'on ressent. Pas de “tu”, que du “je” !
Toujours terminer sur un autre point positif dans le travail de l'autre. Ça adoucit la pilule, mais surtout ça montre qu'on a vraiment regardé ce qu'il a fait, pas juste qu'on voulait casser son œuvre…
Pour soi-même et pour les autres ; cette notion, héritée d'Henri Laborit et affinée dans la Charte Hôdo2), est un des piliers du respect.
Chacun de nous a le droit à la sécurité, à un espace où il ne se sent pas en danger. Cet espace sain fait partie de l'intimité : nul n'est censé y pénétrer sans notre accord, ni y rester si sa présence n'est plus souhaitée. Nous devons protéger notre intimité, en avoir conscience et oser dire lorsqu'elle est menacée. Nous avons aussi le droit de la protéger, sans pour autant avoir le droit d'envahir celle des autres.
Lors des conversations avec d'autres, prenez conscience de vos limites et de celles de vos interlocuteurs. Sur internet, par exemple, certaines personnes ne souhaitent pas parler de leur identité civile, de leur genre, de leurs enfants : cela fait partie de leur intimité et insister pour “savoir” est une intrusion caractérisée, une véritable agression.
Il y a beaucoup de façons de réagir à l'agression :
La dernière réaction, la fuite, est sans doute la solution la moins destructive. En évitant le conflit, en le fuyant, personne n'est blessé. On peut ensuite réfléchir calmement à ce qui s'est passé, et venir régler le problème en pleine possession de ses moyens et de sa conscience.
De ce fait :
Oui, voir les autres fuir peut être vécu comme un abandon, comme un jugement, ou comme de la lâcheté alors qu'on avait prévu une bonne bagarre 3). Ce n'est pas toujours facile. Mais il s'agit de respecter l'autre et de travailler à devenir soi-même meilleur. Si quelqu'un disparaît brutalement, comme souvent sur internet, n'imaginez pas le pire, ne vous faites pas de films : acceptez simplement le fait qu'il ait utilisé son droit à la fuite.
Lorsqu'il y a eu un conflit (petit ou gros) ou un évènement douloureux au sein d'un groupe, il est important de mettre en place une action de réparation.
Réparer ne veut pas dire nier ce qui s'est passé. Il s'agit de comprendre ce qui nous a mené là, de trouver comment ne pas reproduire le problème, et d'apaiser ce qui a pu être perturbé. C'est important au niveau individuel et au niveau du groupe, afin d'éviter les répétitions et de limiter les départs (ou besoin de fuite).
Pour qu'une réparation soit efficace, il vaut mieux demander à quelqu'un de neutre et compétent de nous accompagner. C'est, en théorie, le rôle des modérateurs. Vous pouvez aussi faire appel à un médiateur ou un psychothérapeute. Il y a de nombreuses personnes ayant les compétences pour accompagner la réparation : ce qui est important, c'est de trouver une action qui fasse du bien à tout le monde. J'ai bien dit tout le monde, même les soi-disant “coupables”4) !
Les réparations doivent parler au niveau symbolique, quoi qu'il arrive. Suivant les faits, elles peuvent aussi intervenir au niveau pratique, par exemple si une tempête a dévasté des maisons, reconstruire ces maisons est un acte réparateur, à la fois au niveau symbolique ET pratique. Symbolique car la maison est, en soi, un espace très symbolique, et que le reconstruire ne rend pas le foyer perdu. Pratique parce que c'est mieux d'avoir un toit sur la tête.
Au niveau des actes de réparation :
Les actes peuvent être forts (comme reconstruire des maisons) ou plus anodins (comme échanger un sourire) mais ils doivent exister et être reconnus comme étant là pour réparer. Il peut simplement s'agir de dire “je suis désolé” et de la réponse “c'est ok”.
Ceux qui ne se sentent pas apaisés à la suite de ça sont invités à le dire, afin que d'autres actions puissent être menées avec eux.
Pour aller plus loin, des méthodes existent autour des notions de réparation et restitution symbolique, mais elles demandent une formation longue et avec des exercices pratiques.
Méthodes permettant d'apprendre à communiquer entre humains de façon plus apaisées (et organismes apprenant ces méthodes) :
Attention, si les méthodes elle-mêmes sont bonnes, le système dans lequel elles s'insèrent demande de la vigilance :
Écrits :