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 Autrefois, ces salles bruissaient chaque soir de fêtes et de réceptions. Autrefois, ces salles bruissaient chaque soir de fêtes et de réceptions.
  
-L’air embaumait les parfums et la poudre des courtisans, la sueur des gladiateurs, les effluves des voyageurs venant de tout le Khanat. Tous ces ras, présents pour rendre hommage à l'ultime et unique Khan.+L’air embaumait les parfums et la poudre des courtisans, la sueur des gladiateurs, les effluves des voyageurs venant de tout le Khanat. Tous ces ra, présents pour rendre hommage à l'ultime et unique Khan.
  
-Aujourd’hui, ce n’est plus qu’un tombeau, un lieu éteint, que même les fantômes ont désertés+Aujourd’hui, ce n’est plus qu’un tombeau, un lieu éteint, que même les fantômes ont déserté
  
 Alors que l’Oubli a recouvert le monde, je me souviens. Je me souviens au-delà des Éons, je me souviens bien au-delà de ma propre incarnation. Je me souviens d’avoir été paysan, boucher, cuisinier, page, chevalier, troubadour, espion, tavernier, fleuriste, poète, brigand, charretier, noble... Je me souviens d’avoir été automate, tcara, ucikara, runzatra, quetzara, ophidra et même spadzura. Je me souviens d’avoir été la pierre, et l’eau qui polissait la pierre, et la feuille qui courait sur l’eau, et le vent dans les nuages. Alors que l’Oubli a recouvert le monde, je me souviens. Je me souviens au-delà des Éons, je me souviens bien au-delà de ma propre incarnation. Je me souviens d’avoir été paysan, boucher, cuisinier, page, chevalier, troubadour, espion, tavernier, fleuriste, poète, brigand, charretier, noble... Je me souviens d’avoir été automate, tcara, ucikara, runzatra, quetzara, ophidra et même spadzura. Je me souviens d’avoir été la pierre, et l’eau qui polissait la pierre, et la feuille qui courait sur l’eau, et le vent dans les nuages.
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 Je repasse éternellement dans les mêmes salles vides. Elles paraissaient si grandes, quand la foule se pressait ici chaque soir... Elles m’oppressent à présent, me font sentir presque petit, moi qui suis censé être le plus grand, du moins jusqu’au prochain Éon. Je repasse éternellement dans les mêmes salles vides. Elles paraissaient si grandes, quand la foule se pressait ici chaque soir... Elles m’oppressent à présent, me font sentir presque petit, moi qui suis censé être le plus grand, du moins jusqu’au prochain Éon.
  
-Il y a dans le palais des salles qui vont et viennent. Elles s’adaptent aux besoins du moment. La plus connue des ras, celle que beaucoup verront au fil de leurs incarnations, est la salle de réception, avec ses immenses tables toujours couvertes des mets les plus fins et des boissons les plus délicates, ses chandeliers grands comme des maisons, ses cheminées immenses. +Il y a dans le palais des salles qui vont et viennent. Elles s’adaptent aux besoins du moment. La plus connue des ra, celle que beaucoup verront au fil de leurs incarnations, est la salle de réception, avec ses immenses tables toujours couvertes des mets les plus fins et des boissons les plus délicates, ses chandeliers grands comme des maisons, ses cheminées immenses. 
  
-Les tables sont vides aujourd’hui, les feux éteints, les lumières mises en veilleuses+Les tables sont vides aujourd’hui, les feux éteints, les lumières mises en veilleuse
  
-Mes pas me mènent à la salle du trône. Cette salle n’a jamais été la plus grande, bien qu’elle puisse accueillir toutes les Maisons au fil des âges. Mais seuls les plus nobles ont le droit de débattre ici, et tous les ras du Khanat ne sont pas nobles. Le trône étincelait aux jours de gloire, surplombant la masse, défiant les ras assemblés de l’approcher. +Mes pas me mènent à la salle du trône. Cette salle n’a jamais été la plus grande, bien qu’elle puisse accueillir toutes les Maisons au fil des âges. Mais seuls les plus nobles ont le droit de débattre ici, et tous les ra du Khanat ne sont pas nobles. Le trône étincelait aux jours de gloire, surplombant la masse, défiant les ra assemblés de l’approcher.
  
 Ses fastes sont éteints aujourd’hui, sous une poussière que rien ne déplace. Ses fastes sont éteints aujourd’hui, sous une poussière que rien ne déplace.
  
-Je continue ma ronde silencieuse à travers le palais, comme un automate suivant le chemin qu'on lui a tracé. +Je continue ma ronde silencieuse à travers le palais, comme un automate suivant le chemin qu'on lui a tracé.
  
-Je monte les grands escaliers du Destin. La grande Fresque des Éons les surplombe, cette fresque qui dessine chaque détail de l'Éon, et qui subtilement change suivant ce dont chacun a rêvé. Sa magie tient moins à ses qualités de prophéties que d’adaptation au présent. Aujourd’hui, comme hier, comme depuis une éternité, elle ne dessine que des Brumes chamarrées, d’où émergent à grand-peine une silhouette, un élément de décor, un visage. Mon visage. +Je monte les grands escaliers du Destin. La grande Fresque des Éons les surplombe, cette fresque qui dessine chaque détail de l'Éon, et qui subtilement change suivant ce dont chacun a rêvé. Sa magie tient moins à ses qualités de prophéties que d’adaptation au présent. Aujourd’hui, comme hier, comme depuis une éternité, elle ne dessine que des Brumes chamarrées, d’où émergent à grand-peine une silhouette, un élément de décor, un visage. Mon visage.
  
 Face à la fresque, à l’aplomb des escaliers, l’Horloge. L’Horloge que chaque ra travaillant au palais tentera de ne pas regarder, durant un éon entier. Seuls les aventuriers curieux oseront lever les yeux sur ses aiguilles folles. L’Horloge n’est pas zbasu. L’Horloge indique un temps qui n’existe que pour elle. Durant tout l’éon, elle accélère et ralentit, saute des heures, revient en arrière pour mieux repartir. Les chiffres qui la composent sont des glyphes, racontant des histoires à qui ose les déchiffrer, à qui ose suivre leur lente reptation sur le cadran.  Face à la fresque, à l’aplomb des escaliers, l’Horloge. L’Horloge que chaque ra travaillant au palais tentera de ne pas regarder, durant un éon entier. Seuls les aventuriers curieux oseront lever les yeux sur ses aiguilles folles. L’Horloge n’est pas zbasu. L’Horloge indique un temps qui n’existe que pour elle. Durant tout l’éon, elle accélère et ralentit, saute des heures, revient en arrière pour mieux repartir. Les chiffres qui la composent sont des glyphes, racontant des histoires à qui ose les déchiffrer, à qui ose suivre leur lente reptation sur le cadran. 
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 Même l’Horloge s’est tue à présent. Ses aiguilles se sont arrêtées à minuit moins une et refusent d’en bouger. Je la regarde jusqu’à en avoir mal aux yeux, comme si par la seule force de ma volonté, je pouvais la décider à avancer. En d’autres temps, peut-être que cela aurait pu marcher... Mais pas maintenant. Même l’Horloge s’est tue à présent. Ses aiguilles se sont arrêtées à minuit moins une et refusent d’en bouger. Je la regarde jusqu’à en avoir mal aux yeux, comme si par la seule force de ma volonté, je pouvais la décider à avancer. En d’autres temps, peut-être que cela aurait pu marcher... Mais pas maintenant.
  
-Je marche encore, jusqu’à une salle où subsiste un léger parfum de magie. Comme chaque jour, comme chaque fois, je passe entre les sièges vides, remonte l’allée centrale, puis contourne la scène pour grimper les quelques marches qui y mènent. Là, je retrouve le siège, sobre et simple, bien loin des fastes du trône, ce siège tout simple où certains conteurs s’installaient avant de régaler l’assistance de leurs histoires. J’en caresse le velours élimé, tentant de réveiller l’esprit d’un de ces rêveurs du passé. Je finis pas m’asseoir. Je tends la main, attrape la petite harpe qui m’attend, en pince quelques notes. Quelques notes que chaque ra connaissait, connaîtra.+Je marche encore, jusqu’à une salle où subsiste un léger parfum de magie. Comme chaque jour, comme chaque fois, je passe entre les sièges vides, remonte l’allée centrale, puis contourne la scène pour grimper les quelques marches qui y mènent. Là, je retrouve le siège, sobre et simple, bien loin des fastes du trône, ce siège tout simple où certains conteurs s’installaient avant de régaler l’assistance de leurs histoires. J’en caresse le velours élimé, tentant de réveiller l’esprit d’un de ces rêveurs du passé. Je finis par m’asseoir. Je tends la main, attrape la petite harpe qui m’attend, en pince quelques notes. Quelques notes que chaque ra connaissait, connaîtra.
  
 Devant la salle obscure, face au noir qui me regarde avec avidité, je peux soudain croire qu’un public attend.  Devant la salle obscure, face au noir qui me regarde avec avidité, je peux soudain croire qu’un public attend. 
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